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Comité disciplinaire: étudiants et syndicats solidaires avec Rajen Narsinghen

18 juin 2020, 04:30

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Comité disciplinaire: étudiants et syndicats solidaires avec Rajen Narsinghen

Le chargé de cours Rajen Narsinghen est convoqué devant un comité disciplinaire de l’université de Maurice (UoM), aujourd’hui, à 9 heures. Il s’y rendra en compagnie de ses hommes de loi et d’un représentant syndical, en la personne de Narendranath Gopee. Il devra s’expliquer sur ses prises de position dans la presse. 

Sollicité, le principal concerné affirme être serein. «J’ai toujours fait mon travail avec professionnalisme et dévouement. Toute analyse que j’ai faite en dehors de mes cours est équilibrée. Je ne suis pas membre de quelconque parti politique, contrairement à d’autres universitaires qui travaillaient toujours à l’université de Maurice. À savoir Sharmila Seetulsingh-Ghoorah, Chandan Jankee, Sheila Bunwaree et Tania Diolle.» 

Universitaires, non-enseignants, étudiants, syndicats, entre autres, dénoncent la démarche de l’UoM. Pour Iqbal Sookrooh, président de la University Staff Union qui regroupe des non-enseignants, l’UoM ne peut pas en même temps être signataire de la convention Magna Carta de l’université de Boulogne qui traite le principe de l’Academic Freedom et prendre des sanctions contre un professionnel qui donne son point de vue sur des sujets. 

«L’administration doit venir avec un policy paper pour dire clairement ce qu’il considère comme faire de la politique active. Ce comité disciplinaire est caduc. On a l’impression qu’il a été commandité. Il s’agit plus d’une décision politique qu’institutionnelle. Le conseil d’administration est nommé par le Premier ministre, mais cela ne veut pas dire qu’il faut accepter toute chose que dit l’État», fait ressortir Iqbal Sookrooh. D’ajouter qu’il a adressé une correspondance, en ce sens, au président du conseil d’administration de l’UoM. 

Même démarche du côté de l’UoM Academic Staff Union. Sa présidente, le Dr Preethee Gonpot, a souligné que l’institution supérieure ne dispose d’aucune politique qui décrit ce qu’elle qualifie de politique active. Les étudiants de l’UoM ne sont pas en reste. Pour Suleimaan Mahomed, président de la Students’ Union, la politique et le droit (qu’enseigne, d’ailleurs, Rajen Narsinghen) vont de pair. «C’est naturel qu’il donne son opinion sur des sujets y relatifs.» De préciser que le principal concerné est un universitaire très apprécié parmi les étudiants. «Rajen Narsinghen ne fait qu’exprimer son opinion comme tout individu. D’ailleurs, il le fait sous le principe d’Academic Freedom. On suit la situation de près. On n’ira pas avec le dos de la cuillère si des actions injustes sont prises contre lui.» 

De son côté, Narendranath Gopee, président de la Federation of Civil Service and Other Unions, affirme que bien que les universitaires n’aient pas le droit de pratiquer la politique active, ils peuvent, toutefois, émettre des opinions conflictuelles sur des thèmes tels que le social, l’économie et la politique. «C’est une tentative de museler Rajen Narsinghen car il émet des avis très objectifs. On tente d’enlever la liberté d’expression, et c’est très dangereux pour une démocratie. Maurice va perdre sa réputation au niveau international», indique-t-il. 

Rashid Imrith, président de la Federation of Public Sector and Other Unions, estime qu’on peut prendre une position sans pour autant être engagé au sein d’un parti politique. «Il faut faire la différence entre les sujets politiques et la politique partisane. Si l’UoM prend des actions contre Rajen Narsinghen, cela aura un impact sur les autres, dont les Lecturers. Et c’est l’éducation tertiaire qui va souffrir», dit-il. 

Pour sa part, Radhakrishna Sadien, président de la State Employees Federation, ajoute qu’il s’agit également d’un cas de violation des droits humains. «Sans compter qu’il y a des fonctionnaires qui font de la politique sans aucune crainte.»

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