Jean Michel Lee Shim serait-il «l’envoyé spécial» du gouvernement de Pravind Jugnauth au Mauritius Turf Club (MTC) pour prendre le contrôle des courses ? Il s’avère que le nom du magnat des jeux, bailleur de fonds du Mouvement socialiste militant aux dernières élections générales, y est bien calé. En effet, il figure en troisième position sur la liste des 35 membres que le club organisateur des courses, par le biais de votants, compte propulser, le 28 février, du statut de simple membre associé sans pouvoir à celui de membre fondateur. Avec tous les privilèges et pouvoirs que confère cette position, comme le stipulent les statuts du club.

Quelques jours seulement après une rencontre médiatisée entre le Premier ministre, Pravind Jugnauth et Kamal Taposeea, président du MTC, est-ce une coïncidence que le nom de Jean Michel Lee Shim soit en si bonne position ? Sa «promotion» a-t-elle été discutée au PMO ? Serait- ce une des conditions pour que le gouvernement accorde enfin le «helping hand» tant recherché par le MTC ?

Sollicité, Kamal Taposeea a apporté un démenti à toutes ces interrogations.Surtout qu’au sein du MTC, le rapprochement entre le président et Lee Shim n’est pas nécessairement vu d’un bon oeil par certains membres, dont des «Top Men» de la direction.

Dans un premier temps, on avait voulu déjouer la tactique de l’actuel président, mais ce dernier a devancé ses adversaires en rencontrant le Premier ministre. Du coup, cette rencontre de fin janvier a tué dans l’oeuf toute tentative de contestation, car personne au MTC n’ose défier le gouvernement en allant affronter Kamal Taposeea dans une élection. D’où l’absence de candidatures pour se mesurer au tandem Taposeea-Nicholas Carosin aux élections du 28 février.

En faisant son entrée comme membre fondateur, à moins que la motion ne soit pas approuvée (ce qui très improbable selon un membre qui connaît bien les rouages d’une assemblée générale du MTC), l’homme d’affaires Lee Shim pourra désormais faire entendre sa voix au MTC. Ce qui ne lui était pas possible depuis son adhésion, en 2010, comme membre associé. Il pourra ainsi avoir droit au vote, mais aussi viser une place sur le board du club à l’avenir.

Par ailleurs, dans certains milieux au MTC, on craindrait que le projet d’un nouvel hippodrome à Côte-d’Or, région située dans la circonscription du Premier ministre, soit relancé. Toutefois, ces craintes sont balayées par l’aile proche de Taposeea. Ce dernier miserait plutôt sur le soutien élargi du gouvernement, non seulement pour rester au pouvoir mais aussi, dit-on, pour que le MTC s’extirpe de son bourbier financier. «Si ce rapprochement gouvernement- MTC génère plus d’argent pour les deux parties, c’est l’industrie qui en sortira grandie», déclare un proche de Taposeea.

Les partisans du président du MTC ne s’inquiètent pas outre mesure d’une nationalisation à outrance des activités hippiques, car le MTC, disent-ils, avec ou sans Lee Shim a le soutien indéfectible de la Fédération internationale des autorités hippiques (FIAH) comme filet de protection. Cette même FIAH, rappellent-ils, «avait contribué à faire capoter le projet d’un hippodrome au Domaine Les Pailles dans les années 90, projet qui avait pourtant eu la bénédiction du Premier ministre d’alors, sir Anerood Jugnauth.»

<p>Oui, c&rsquo;est une coïncidence que l&rsquo;assemblée générale ordinaire du Club se tienne quelques jours seulement après sa rencontre avec le Premier ministre (PM). C&rsquo;est ce qu&rsquo;a indiqué le président du MTC, Kamal Taposeea, à <em>&laquo;l&rsquo;express&raquo;</em>. Et, selon lui, ses détracteurs veulent en tirer un capital politique.<em> &laquo;Si Jean Michel Lee Shim fait partie des 35 membres qui sont appelés à faire partie des membres fondateurs, c&rsquo;est sur le critère d&rsquo;ancienneté. D&rsquo;ailleurs, comme tous les 34 membres associés, il devra passer par un vote et ce sont les membres de cette assemblée qui décideront. Les noms de ces 35 personnes ont été soumis par le secrétaire du Club sur le critère d&rsquo;ancienneté et proposés par les administrateurs du club</em>&raquo;. Le président du MTC devait également préciser que la date de l&rsquo;assemblée prévue le 28 février avait été décidée bien avant sa rencontre avec Pravind Jugnauth. Jean Michel Lee Shim n&rsquo;est pas un envoyé du gouvernement au sein du MTC, a vivement réagi Kamal Taposeea. D&rsquo;ajouter qu&rsquo;il est faux de penser que l&rsquo;homme d&rsquo;affaires a été au centre des discussions avec le Premier ministre. &laquo;<em>En tout cas, Jean Michel Lee Shim, comme n&rsquo;importe quel autre membre qui fera partie des membres fondateurs, ne pourra à lui tout seul contrôler le MTC. C&rsquo;est la structure du Club qui prime.&raquo;</em></p>