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Panadol: c’est pas la panacée
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Panadol: c’est pas la panacée

«C’est bien connu. À l’hôpital, peu importe la maladie, on vous donne plein de Panadol», confie Céline, 46 ans, sortant d’une consultation pour Eileen, sa fille de 21 ans. Atteinte d’une infection des bronches, la jeune fille a eu droit à du sirop et des comprimés dont deux plaquettes de paracétamol. «Je ne compte pas en faire usage. On dirait qu’ils veulent s’en débarrasser en nous en distribuant à gogo», lâche-t-elle, agacée.
À l’inverse, Tara, secrétaire de 53 ans, les ingurgite à volonté. «Dès que j’ai des douleurs ou même quand je suis contrariée, c’est mon recours. Ça me calme», avoue-t-elle. Quelques fois, elle en avale environ une dizaine en une journée.
Ce réflexe est-il risqué ? Depuis cette semaine, les questions se posent sur ce médicament. En effet, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) en France, a attiré l’attention sur tout surdosage dans les médias internationaux. Selon l’institution, un excès de paracétamol nuirait au foie. D’où leur appel aux industriels pour apposer une alerte à la surconsommation sur les boîtes de médicaments. Les laboratoires auront un délai de neuf mois pour inscrire le message «Surdosage=danger».
Informer les consommateurs
À Maurice, le paracétamol demeure la substance active la plus vendue… et la plus sûre, estime Sadeck Vawda, pharmacien de profession et directeur général de l’Unicorn MSJ Ltd, importateur et distributeur de médicaments. D’où la nécessité d’informer les consommateurs sur sa bonne utilisation, soutient Arshad Saroar, pharmacien. Dans quel cas l’utilise-t-on ? «Le paracétamol est un antidouleur doux et efficace prescrit contre les maux de tête et de dents, la fièvre, les douleurs du dos, les courbatures etc. C’est un produit idéal pour presque tous les maux», explique Mike Sooknundun, médecin et directeur de la Clinique du Nord.
Dans la santé publique plus particulièrement, la prescription du paracétamol est largement (voire outrageusement) favorisée pour traiter douleurs et fièvres, deux symptômes récurrents chez petits et grands. Idem pour le secteur privé où la vente de paracétamol, ou celle des médicaments qui en sont composés, grimpe en hiver. En effet, à cette période, les rhumes affectent davantage les Mauriciens, ajoute Arshad Saroar.
Dans quels médicaments trouve-t-on du paracétamol ? «Le Panadol, par exemple, est une marque qui en contient. Ce nom est utilisé de manière générique à Maurice car le produit est très connu et figure sur le marché depuis des années», avance Sadeck Vawda. De plus, le paracétamol est omniprésent dans de multiples marques comme Doliprane, Efferalgan, Dafalgan, Fervex entre autres (voir encadré).
Huit comprimés de 500 mg maximum
À quel moment parle-t-on de surconsommation? Le dosage varie selon les pays. Mais globalement, il ne faut pas dépasser les 4 grammes par jour (8 comprimés de 500 mg chacun), confirme Sadeck Vawda. Que se passe-t-il si on en avale trop ? «Très rarement, sauf en surdosage, le patient peut développer une réaction cutanée allergique, une toxicité des reins et avoir un dérangement dans son bilan sanguin», poursuit Mike Sooknundun.
La toxicité du foie, comme évoquée par l’ANSM est réelle. L’organe en question peut subir de graves lésions, susceptibles d’être irréversibles dans certains cas, ajoute Arshad Saroar. En sus du dosage, la prise de paracétamol est importante. Par exemple, chez les adultes, un intervalle de 4 heures doit être observé entre les prises. Quant aux enfants, Sadeck Vawda recommande une dose de 60 mg par kilo, répartie en 4 ou 6 prises.
De plus, le traitement doit durer environ quatre jours. Aussi, inutile d’en abuser. «Ce ne sont pas des bonbons. Il ne faut pas en prendre à tout bout de champ», affirme un autre pharmacien. Nous avons sollicité le ministère de la Santé pour des explications mais en vain.
En chiffres
Si les chiffres nationaux sont indisponibles pour l’importation de paracétamol, le département de commerce de l’Inde donne une petite indication. En 2018/2019, l’importation de «Para Acetyl Aminophenol» (Paracetamol) d’Inde est estimée à $ 30 000, soit à plus de Rs 1 million. Pour ce même produit, Singapour a dépensé Rs 4,3 millions durant la même période en importation. À Hong-Kong, un taux d’importation de Rs 360 000 a été maintenu pour 2017/20 18 et 2016/2017 respectivement. Les données plus récentes sont indisponibles.
L’évolution
Si à Maurice, on l’appelle souvent «Panadol», le véritable nom du paracétamol est «Acétaminophène». D’ailleurs, aux États-Unis, au Canada, en Colombie, au Japon et en Iran, vous n’en trouverez que sous ce patronyme. Pendant des décennies, une version sucrée était disponible pour les enfants. Elle s’appelait Cafenol et était de couleur orange clair ou jaune. Puis, le marché s’est étendu à d’autres variantes du paracétamol.
Aujourd’hui, les pharmaciens désignent environ une soixantaine de médicaments contiennent du paracétamol comme principe actif (comme dans le cas du Doliprane, Dafalgan etc.) ou en association à d’autres substances, comme dans le Fervex. Ils se vendent avec ou sans prescription.
Ces petites idées reçues… ou pas
Certaines croyances déconseillent la prise de paracétamol avec le Coca-Cola. Est-ce fondé ? Selon Sadeck Vawda, il n’y a pas d’interactions prouvées entre les deux produits. De son côté, Mike Sooknundun indique que cette boisson contient de la caféine. Ceci en rajoute au taux déjà présent dans le médicament : «Cet excès est un excitant neurologique pouvant garder le patient éveillé.»
Par contre, prévient le pharmacien, il y a des risques lors d’interaction avec d’autres médicaments comme des anticoagulants oraux et anti-inflammatoires. Parallèlement, il faut éviter toute prise de paracétamol avec de l’alcool car cela rajouterait à la toxicité du foie.
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