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Maladies: les plantes «mauriciennes» font un tabac

28 avril 2019, 13:00

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Maladies: les plantes «mauriciennes» font un tabac

Acalypha integrifolia, Eugenia tinifolia et Labourdonnaisia glauca. On en perdrait presque son latin. Mais ces plantes connues comme Bois de Crève-Cœur, de Nèfle et de Natte, auraient des propriétés anticancéreuses selon une récente étude (voir lien). Les remèdes de grand-mère trouvent-ils toujours preneurs ? Quelles sont ces plantes ? Effeuillons le sujet.

Il était une fois, Mala, une mère grand loin d’être dure de la feuille… bien qu’elle ne jure que par elle. Des arbustes d’Ayapana, des tiges de citronnelle ou encore du baume du Pérou parsèment son petit jardin à Rose-Belle. Autant de plantes qu’elle utilise à tout bout de champ. «J’ai hérité de ces remèdes naturels de ma grand-mère et de ma maman. Je déteste les produits chimiques. Ashwin, mon fils, avait une toux persistante depuis des mois. C’était la bronchite. Il avait essayé plusieurs sirops mais en vain. Je l’ai soigné avec du thym et du baume du Pérou.»

De son côté, Rosie la bien nommée infuse régulièrement des feuilles d’olivier. «C’est pour traiter l’hypertension de mon mari. Une tante m’en a parlé et depuis, c’est essayé et adopté.» Quant à Doris, c’est une adepte des tisanes. «Ça a souvent mauvais goût mais j’en ressens l’efficacité.» Solide comme un chêne, la sexagénaire contre ainsi son diabète.

Tout comme bien d’autres Mauriciens accros aux bienfaits de Mère Nature. «Vous savez, je vois beaucoup de jeunes fidélisés aux tisanes naturelles. Ceci vient d’une habitude inculquée par leurs parents depuis leur enfance», constate Jay Mootoosamy, herboriste au marché de Port-Louis.

Mais comment agissent ces belles plantes, notamment sur les maladies chroniques ? Pour le cancer, par exemple, le Dr. Fawzi Mahomoodally, professeur associé à la Faculté des sciences à l’université de Maurice, se réfère à un article de Rummun, entre autres auteurs, publié en 2019. «Cette recherche met en exergue le potentiel des plantes comme sources de traitements anticancéreux.» À ce titre, l’écorce du «Pacific Yew» s’avère prometteuse pour le cancer du sein, du poumon et de la prostate, entre autres. Idem pour la «vinblastine», composante du «Madagascar Periwinkle» (NdlR, rassurez-vous, il est bien enraciné à Maurice), efficace pour les lymphomes et divers cancers.

«Les plantes mauriciennes et celles des Mascareignes sont utiles à la gestion du diabète, des maladies infectieuses y compris le Chikungunya», ajoute-t-il. D’ailleurs, les bois de Crève-Cœur, de Nèfle et de Natte sont largement utilisés à Maurice. Et ils ne sont pas en reste. Le fameux brède mouroum (Moringa), celui que les ‘maléré kontan manzé’, est riche en bienfaits, déclare le Dr. Imran Abdool, naturopathe. «Les feuilles contiennent du beta-carotene, un taux quatre fois plus élevé que dans la carotte, sept fois plus de vitamine C que les oranges et deux fois plus de fer que les épinards.» Le Moringa protège des maladies cardiovasculaires et aide à faire baisser le taux de sucre et de cholestérol dans le sang. Le brède mouroun – ainsi que le bâton – a en outre des propriétés anti-inflammatoires et anti-oxydantes. Parallèlement, poursuit le naturopathe, les feuilles du baume du Pérou luttent contre les maladies respiratoires. «C’est recommandé surtout pour les enfants et nourrissons. Cela aide à liquéfier et évacuer les glaires pendant la toux.» Des bienfaits que reconnaît et connaît Mala, notre mère-grand nature. Pour l’utilisation, un petit bain marie s’impose, avec un soupçon de miel, surtout pour les poumons. Avec trois cuillérées à café par jour, la toux s’en ira comme elle est arrivée.

La feuille d’olivier, elle, est un antihypertenseur par excellence et agit sur les infections dermatologiques, précise le médecin. Mode d’emploi ? «Bouillir une dizaine de feuilles fraîches ou cinq feuilles séchées dans deux verres d’eau. À boire matin et soir après le repas.»

Pour le diabète, ce mal qui ronge beaucoup de Mauriciens ? Jay Mootoosamy suggère des décoctions composées de dix plantes dont la Fandamane, le Bois cassant, l’Herbe Flacq, le lait de vierge et le Manglier. «Le ‘cocktail’ fait baisser le taux de glycémie s’il est pris en complément avec des repas équilibrés et du sport si possible. Bien sûr, pour les plats, il faut éviter le sucré mais aussi les aliments riches et gras.» Pour le cholestérol, qui affecte aussi un bon nombre de personnes, les tisanes composées de feuilles d’artichaut, de «poc poc», de «béthel marron» et de «kinkeliba» contribuent à améliorer la circulation, à l’élimination des toxines et à la stabilisation de cette pathologie.

Comment consomme-t-on ces décoctions ? Pour le diabète, quatre verres de tisane froide, tiède ou chaude sont à avaler au quotidien pendant 28 jours. En revanche pour le cholestérol, on met gentiment cette mixture dans une bouteille thermale car il faut la consommer chaude. «Il faut surtout éviter toute bouteille en plastique», recommande l’herboriste. Et comme pour tout produit naturel, il convient de veiller au grain. 

Fawzi Mahomoodally en appelle également à la vigilance en ce qui concerne les plantes anticancéreuses, qui peuvent être toxiques. «Il ne faut pas les consommer crues, directement. Comme tout ‘médicament’, les produits à base d’herbes peuvent avoir des effets secondaires et interagir avec d’autres substances. Des études plus avancées sont requises pour les évaluer.»

Enfin, il reste tout le débat autour du cannabis médical. Mais ça, c’est une autre histoire de plantes.
 

Décoction vs infusion

<p style="text-align: justify;">Si les tisanes sont de plus en plus populaires, on s&rsquo;emmêle parfois les pinceaux quant à leur préparation. En effet, certaines se consomment sous forme de décoction et d&rsquo;autres en infusion. La différence entre les deux ? Selon Jay Mootoosamy, dans le premier cas, il suffit de verser le contenu de la tisane dans de l&rsquo;eau froide et de la porter à ébullition. En revanche, pour une tisane à infuser, il faut la placer dans une tasse d&rsquo;eau chaude pendant deux à trois minutes.&nbsp;<br />
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	Adresse utile :&nbsp;<a href="https://www.newsweek. com/medicinal-herbs-indian-ocean island-found-stop-growth cancer-cells-1391674" target="_blank">https://www.newsweek. com/medicinal-herbs-indian-ocean island-found-stop-growth cancer-cells-1391674</a></p>

 

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