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Industrie cannière: les «distorsions» du prix du sucre inquiètent les opérateurs
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Industrie cannière: les «distorsions» du prix du sucre inquiètent les opérateurs
«Les accords préférentiels ayant tous virtuellement disparu, nous nous retrouvons à présent à la merci de distorsions des prix au niveau mondial.» C’est ce qu’a fait ressortir Heymant Sonoo, nouveau président du Syndicat des sucres, lors de la dernière assemblée générale de cette instance hier à l’hôtel le Labourdonnais, à Port-Louis. Il s’exprimait au nom du président sortant qui n’avait pu faire le déplacement. Ces distorsions de prix couplées à une hausse du coût de la production locale sont les principales raisons qui expliquent le recul des revenus du secteur depuis 2017, tendance qui devrait perdurer encore cette année, anticipe le syndicat.
Le prix du sucre à la tonne est en effet à son taux le plus bas depuis la fin du Protocole sucre en 2009. Rien qu’en 2016, le prix de vente par tonne se situait à Rs 15 500 avant de descendre à Rs 10 717 en 2017. Pour 2018, le prix devrait davantage chuter pour atteindre Rs 9 700 la tonne, selon les estimations du syndicat.
D’après Heymant Sonoo, ces distorsions ont plusieurs sources, dont une production mondiale qui excède actuellement la demande, ce qui réduit considérablement les prix. C’est le cas notamment sur le marché européen où les quotas du sucre mauricien ne sont plus assurés depuis octobre 2017.
Faisant la comparaison entre le secteur sucrier mauricien et celui de l’étranger, Heymant Sonoo a fait ressortir que 70 % de la production de sucre au niveau mondial est consommé sur les marchés des pays producteurs, ce qui fait que leurs marchés domestiques constituent la majeure partie de leurs revenus. «Comme leurs prix sont protégés par des barrières tarifaires et non tarifaires à l’importation, ils peuvent se permettre d’exporter les excédents à des prix plus bas.»
À l’inverse, seulement 10 % de la production du sucre mauricien est consommé au niveau local, le reste étant dédié exclusivement à l’exportation. Cela rend la stabilité de nos revenus plus fragile, 90 % étant particulièrement exposés à la volatilité des prix à l’international. Quant aux protections tarifaires vis-à-vis des sucres importés, le gouvernement a récemment augmenté la taxe y relative à 80 %, à la demande des opérateurs. Cela devrait leur permettre de recouvrer une partie de leur marché au niveau local.
Autre raison qui explique les distorsions de prix : le soutien gouvernemental accordé à certains producteurs internationaux pour assurer la viabilité économique de leur activité sans tenir compte du prix de vente. «L’industrie sucrière occupe souvent le haut de leur liste de priorités, compte tenu de son importance en matière de création d’emplois, de réduction de la pauvreté, de la sécurité alimentaire ou encore de la production d’énergie, entre autres», a expliqué Heymant Sonoo.
Résultats : outre les différentes compensations, ces producteurs bénéficient de plusieurs formes d’assistances financières. Le Syndicat cite à cet effet le Voluntary Couple Support au sein de l’Union européenne, les subsides à l’exportation au Pakistan ou encore l’ethanol framework au Brésil, pour n’en citer que quelques-unes.
Ce que préconise le syndicat : une protection du prix à l’exportation contre la volatilité des prix du marché et ses distorsions. Comment ? À travers des accords de libre-échange. Par ailleurs, le Syndicat a une nouvelle fois fait un plaidoyer pour des ré- formes structurelles en profondeur afin de permettre à l’industrie d’être plus compétitive et de survivre sur le marché international.
Rs 730 millions de compensations financières aux planteurs
Les planteurs ont de quoi souffler, du moins sur le court terme. Le Conseil des ministres a en effet avalisé les propositions du comité ministériel sur le sucre, vendredi. Il s’agit d’une compensation financière aux planteurs de Rs 1 250 la tonne de sucre ainsi qu’une rémunération additionnelle de Rs 1 250 par tonne de sucre pour leur bagasse, entre autres. Le total est d’environ Rs 730 millions, a fait ressortir le ministre de l’Agroindustrie Mahen Seeruttun. Il a par ailleurs plaidé pour une meilleure entente entre usiniers et planteurs dans ces moments difficiles.
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