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Agaléga: Bis repetita

12 mars 2018, 16:47

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Agaléga: Bis repetita

50 ans après l’Indépendance et sa conséquence ou condition, l’excision des Chagos, c’est au tour des Agaléens de craindre leur déracinement. Il est à nouveau question de base militaire. Pas américaine cette fois, mais indienne.

Les médias indiens font fuiter l’info que le gouvernement mauricien veut tellement tenir secrète, fin janvier : oui, la Grande péninsule a bien des visées militaires sur Agalega. L’implantation, ouvertement communiquée par les autorités dalones, d’une base indienne sur une île des Seychelles a levé le lièvre. Pourtant, à Maurice, on se contente toujours de parler de piste d’atterrissage de 3 km, voire d’une jetée, les grands jours de transparence version gov.mu, d’une valeur d’un demi-milliard de roupies que construiront gracieusement les Indiens pour quelque 300 habitants.

«Je n’ai jamais eu l’intention de céder Agalega aux pays étrangers.» Il est catégorique, le Premier ministre, à l’Assemblée nationale. Pravind Jugnauth répond à la Private Notice Question axée sur sa visite en Inde et sur les développements à prévoir à Agalega, le 16 juin 2017. Sauf que l’accord n’a jamais été rendu public. Et son papa mentor part lui aussi, mi-fé- vrier 2018, rencontrer la ministre de la Défense indienne.

 Opaque bref,

 Une opacité qui inquiète les Agaléens. Et nombre de Mauriciens, qui voudraient vraiment savoir ce qui se trame.

Dans BonZour, Arnaud Poulay, secrétaire général de l’Agalega Mauritius Partnership Association, estime que «l’heure est grave et il faut tout faire pour éviter qu’une deuxième série noire chagossienne ne se produise». L’île n’a pas besoin d’une piste d’atterrissage. «Il faut simplement rénover celle qu’il y a déjà et construire quelques abris pour les besoins de l’aviation. Nou pa bizin baz militer nou, nou bizin aéropor sivil pou ki Morisien konn Agaléga, é vis-versa.» Ce dont ont surtout besoin les habitants, c’est de meilleurs soins médicaux et d’une connexion Internet.

Les agaléens, comme les chagossiens, connaissent la galère et la misère en venant à maurice. à l’instar de laval soopramanien, président des amis d’agalega et membre du kollektif pu agalega, après la déportation de son père à maurice. «mes deux grands frères sont nés à agalega. mon petit frère et moi sommes malheureusement nés à maurice», confie-t-il, dans un récent portrait dans l’express.

Son père, joseph soopramanien, est emprisonné et déporté à maurice. il avait frappé un contremaître à une époque où les conditions de travail dans la cocoteraie sont déplorables. la famille le suit. joseph soopramanien obtient un emploi dans les docks où ce sont essentiellement des rodriguais, des chagossiens et des agaléens qui font le travail de forçat.

Son fils laval trace son chemin tant bien que mal. il milite et agit depuis une quinzaine d’années pour améliorer la vie des agaléens. lui aussi voudrait être tenu au courant de ce qui se passe.

Depuis 2006, au moins, on parle de la convoitise des indiens pour cet archipel. la presse indienne évoquait déjà à l’époque la négociation d’un bail de longue durée. information démentie. en 2012, rebelote. arvin boolell, alors ministre des affaires étrangères, en déplacement en inde, avait souhaité, d’après le times of india, «négocier un statu quo fiscal entre les deux pays en échange d’une gestion indienne d’agalega pour y développer le tourisme de luxe».

On verra si l’histoire se répète… hélas, très certainement au détriment des agaléens. aucune naissance n’a été enregistrée sur leur île depuis 2005, les femmes devant accoucher à maurice. une façon de balayer l’existence de ce peuple, pour les plus pessimistes.

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