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Violences contre les femmes: vieux problème en attente de nouvelles stratégies
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Violences contre les femmes: vieux problème en attente de nouvelles stratégies
2005 : « Aret violans kont fem », scandait Amnesty Maurice. 2017 : « Aret violans kont fam », invite le ministère de l’Égalité du genre, du développement de l’enfant et du bien-être de la famille, qui a démarré sa campagne le 25 novembre. Douze ans après celle d’Amnesty, le tableau de la violence à l’encontre des femmes est encore sombre. Et les stratégies, tout comme les slogans, n’ont guère changé. Malgré les 16 jours de campagne qui se tiennent en ce moment, et régulièrement.
L’objet du forum-débat organisé mercredi 29 novembre, par la délégation de l’Union européenne à Maurice, était de discuter des moyens de stopper la violence à l’égard des femmes et des filles. La modératrice, Shirin Aumeeruddy-Cziffra, ancienne ministre des Droits de la femme et de la famille, comptait, justement, demander aux intervenants (ou plutôt intervenantes, évidement) quelles étaient leurs nouvelles stratégies pour attaquer ce problème.
Un élément est ressorti des discussions : la nécessite d’une approche globale, à tous les niveaux, de l’éducation à la justice en passant par la police et le support psychologique. La nouvelle ministre de l’Égalité du genre, Roubina Jadoo-Jaunbocus, a dressé une longue liste de ce que son ministère faisait. À retenir, entre autres, dans le court terme : impliquer les hommes (c’est le cas avec la campagne sur laquelle figurent Zakariyya Ozeer et Rajeev Bhoynub, champions de kyokushinkai et Tony François entraineur et star du football local), améliorer la réactivité des Family Support Bureau, Family Protection Unit et de la holtine (139) via la technologie, travailler avec le système judiciaire pour traiter de façon séparée les cas de violence domestique et… s’ouvrir aux suggestions...
À propos de justice, notamment, Johan Moutou-Leckning, Senior Assistant du Directeur des poursuites publiques (DPP), répondait à la modératrice sur les critiques arguant que peu d’auteurs de violence contre les femmes finissaient en prison. La difficulté réside dans le fait que la victime a peur, parfois se rétracte à cause des pressions. Souvent, le DPP, même s’il veut poursuivre, n’a que des témoignages, aucune preuve tangible. Les enquêteurs devraient davantage se baser sur des éléments scientifiques.
Former des Domestic Violence Officers
«Nous ne pouvons pas continuer avec ce que nous avons fait, il faut tout repenser», a confié, en substance Roubina Jadoo-Jaunbocus. Pourtant, encore en 2017, les autorités ne peuvent pas se passer des Organisations non-gouvernementales, telles SOS Femmes, Passerelle... Principalement pour l’hébergement des victimes, l’accueil, le travail sur le terrain...
La police, force «virile» s’il en est, fait des efforts pour former des Domestic Violence Officers. 400 suivent un cours chaque année depuis l’an dernier pour avoir un de ces officiers dans chacun des 70 postes de police 24/7. Tous ne peuvent pas être des femmes, puisque sur 13 000 policiers, il y a… 1 000 femmes. Ce qui est révélateur de toute une mentalité et de toute la difficulté de ce combat. Ce n’est pas le rôle qu’on octroie aux femmes, de faire respecter l’ordre. L’accueil des victimes, le traitement de l’enquête s’en ressentent.
S’il manquait un intervenant sur tout le panel, c’était un représentant du ministère de l’Éducation. Vu que, tous se l’accordent à dire : cela commence par l’éducation. Ne pas faire de nos petits garçons des hommes à la main leste, ne pas faire de nos petites filles des femmes qui intègrent l’idée de se faire frapper quand «elles le méritent». L’éducation, la base. Dans les écoles, à la maison.
Le lendemain, jeudi, se tenait le lancement d’une expo-vente. La ministre y intervenait à nouveau, expliquant qu’elle voulait restructurer son ministère. Commentaire d’un internaute : “Very important stuff... When people will have 3h of water per day between 4am and 7am, we will make sure to tell you what we think of your ministry of equality and how important it is.”
Rappelons que l’État doit débourser Rs 2 milliards par an rien en coûts directs à cause de la violence domestique. De quoi largement améliorer le réseau de fourniture d’eau…
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