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#shamethem: réagissons, luttons, fuyons l’intimidation
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#shamethem: réagissons, luttons, fuyons l’intimidation
Elles racontent les viols, les attouchements ou encore les agressions qu’elles ont subis sans tabou. Les témoignages de ces femmes ont choqué plus d’un. Même les créatrices de la page #shamethem se disent choquées de l’ampleur du problème. Selon elles, celui-ci ne connaît pas d’appartenance ethnique, ni de classe sociale.
Djemillah Mourad-Peerbux, Anne-Lise Mestry et Sarah-Jane Vingta, amies et consœurs ont lancé la page #shamethem dans le but de permettre aux victimes de violence sexuelle de raconter leur histoire. Mais encore pour conscientiser le public et lui faire comprendre que les cas rapportés ne sont que la partie visible de l’iceberg. Pour les victimes, cette plateforme est ce dont elles avaient besoin pour les aider à se libérer des sentiments refoulés, de leurs frustrations, des traumatismes et des injustices vécues.
La naissance de #shamethem
Pourquoi #shamethem ? Justement pour encourager ces dénonciations, à oser dire le nom de ces agresseurs. Des agresseurs qui sont les fautifs. C’est la pluie de témoignages de femmes à travers la planète sous le hashtag #metoo, suivant la dénonciation de nombreuses agressions commises par Harvey Weinstein, célèbre producteur hollywoodien, qui a été l’élément déclencheur.
Djemillah Mourade-Peerbux a, dans un premier temps, voulu créer le hashtag #shamehim. Ses consœurs lui ont alors proposé de l’aider à créer une page afin que les témoignages des victimes puissent rester anonymes si elles le souhaitent. Selon la créatrice, il ne suffit pas seulement de dire que des gens ont été victimes. Cela va au-delà de l’être.
«…pour qu’ils comprennent que c’est l’agresseur qui doit avoir honte, et non eux»
«Il y a des évènements, des souvenirs qui sont ancrés en eux, qui ont changé leur vie et arraché une partie de leur innocence», précise-t-elle. Des souvenirs que les victimes n’oublieront jamais.
Souvent, c’est la peur, voire la honte, qui empêche la plupart des victimes de s’extérioriser. «On a alors décidé de créer cette page pour donner la possibilité aux gens de parler, de raconter ces évènements traumatisants et aussi pour qu’ils comprennent que c’est l’agresseur qui doit avoir honte, et non eux, poursuit Djemillah. Car, se sentir impuissante lors une agression est un dénominateur commun chez les victimes.»
Témoignages poignants
Depuis la création de la page #shamethem, elles ont reçu une centaine de messages. «Nous avons reçu des messages de femmes que nous ne connaissons pas, de nos amies, de nos collègues ou encore d’autres que nous avons côtoyées qui, en prenant connaissance du mouvement, se sont remémoré une expérience difficile», soutient Djemillah.
Elle tient, toutefois, à faire ressortir que ces témoignages d’hommes et femmes confondus ne sont pas accessibles au public, il faut s’inscrire sur la page. Nombreux sont les témoignages des filles qui ont vécu des attouchements dans l’autobus, le catcalling sur la rue ou encore les regards qui en disent long, qui leur glacent le sang et les mettent en position d’insécurité.
Il y a aussi ces messages d’internautes qui parlent de viols, d’attouchements lorsqu’ils étaient encore enfants, des moments où ils ont été forcés à être filmés dans des positions compromettantes, entre autres. Une situation qualifiée d’alarmante par les créatrices de #shamethem. «Ce qui m’attriste c’est la solitude que ressentent ceux qui ont été victimes de ces agressions. En effet, ne pas pouvoir se confier plonge la personne dans la solitude. Elle se sent emprisonnée avec ses émotions et son chagrin. #shamethem a pu les faire parler.»
Élargir les horizons
Les créatrices de la plateforme #shamethem pensent désormais à faire réagir des personnes du monde entier. Car elles souhaitent par-dessus tout faire prendre conscience de l’ampleur du problème.
«Nous ne parlons pas en termes de chiffres. Ce sont plutôt des cas qui n’ont jamais été rapportés. Nous nous basons sur le nombre d’histoires que nous entendons», confie Djemillah. Elle est même d’avis que si la question est posée à chaque femme du pays, celle-ci aura une expérience vécue, un évènement, une histoire à raconter.
Faire bouger les choses
L’objectif de #shamethem est de faire bouger les choses. Ainsi, de manière concrète, promouvoir une meilleure gestion de la loi qui permettrait que justice soit rendue plus rapidement à ces victimes et que les agresseurs soient plus sévèrement punis. Une loi qui prendra aussi en considération le délai de prescription. Car il ne suffit pas de dire «sa finn arivé dépi lontan sa», et alors «case dismissed»
Ce qu’elles proposent ? Fonder des structures d’écoute publique financées par l’argent public pour les victimes, mettre en place des plateformes au sein des écoles afin de permettre aux enfants de parler de leur histoire. «Les idées ne manquent pas, mais nous ne pouvons pas être que trois filles à le faire. Ce n’est pas possible», explique Djemillah. «C’est la société elle-même qui a pour devoir de réclamer le respect, de faire entendre sa voix. Ne gardons pas le silence et ne laissons pas les intimidateurs continuer à exécuter des méchancetés. Réagissons, luttons et fuyons l’intimidation !»
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