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MOMIX: le premier marché de musique mauricien prend son envol
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MOMIX: le premier marché de musique mauricien prend son envol
«On est satisfait du résultat. On s’était lancé le défi de faire quelque chose de bien pour cette première édition du marché de musique de Maurice. Le retour est des plus positifs», explique Stephan Rezannah, fondateur de la Mauritius Music Expo (MOMIX), soit un marché de musique qui se veut une plateforme d’échanges entre professionnels mauriciens et étrangers dans le domaine musical et dont le but est de promouvoir l’exportation de la musique mauricienne
«Dès le premier jour, des accords ont été conclus. Sonya Mazumdar, directrice de IndiEarth Xchange, soit le marché de musique indien, a invité le chanteur Menwar à sa prochaine édition. De même, Eliasse des Comores a invité Eric Triton. Nous sommes également en train de signer des conventions avec le Moshito Music Conference and Exhibition d’Afrique du Sud pour que cette instance devienne un partenaire à part entière de MOMIX. Je pense que désormais les bases sont posées».
Etalé sur deux jours, MOMIX a réuni plus d’une cinquantaine de professionnels locaux et étrangers autour de showcases et de conférences. Lors du lancement de MOMIX, le 4 octobre à L’Embrasure au Morne, Stephan Rezannah a expliqué dans son discours devant un parterre d’invités composé, entre autres, du ministre des Arts et de la culture, Pradeep Roopun, l’importance de ce marché. «Je considère toujours que nous sommes des artisans et pas des professionnels, car nous ne sommes pas assez formés et structurés. MOMIX se veut être une plateforme pour combler ce vide à travers les formations et les rencontres avec des professionnels. MOMIX se veut un projet annuel et à long terme afin d’exporter la musique mauricienne. On ne parle pas ici des soirées de la diaspora en Europe, ni des bals communautaires. On vise les scènes professionnelles. On est conscient qu’il nous faut du temps. On se donne trois ans pour se professionnaliser et atteindre nos objectifs.»
Désormais, les premiers jalons dans cette direction semblent jetés. Après le marché, place maintenant aux formations destinées aux professionnels, qui dureront quelques semaines. Ce soir, les professionnels étrangers, ainsi que le public pourront participer au One Live Musik Festival, qui clôture cette première édition de MOMIX. L’événement aura lieu entre 19 heures et 3 heures du matin à L’Embrasure au Morne. Toute une pléiade d’artistes locaux et étrangers seront de la partie. Dès la fin de l’année, MOMIX commencera à travailler sur la deuxième édition, qui devrait se tenir l’année prochaine.
Paroles aux professionnels
Patrick Mathieu délégué régional de la Société des Auteurs, Compositeurs, et Editeurs de Musique (SACEM) Réunion et Mayotte et responsable de la SACEM Océan Indien
«C’est une très belle initiative et c’est très important de fédérer les professionnels de la zone. Aujourd’hui, on se rend compte que c’est très compliqué de pouvoir exporter sa musique. De sortir d’un territoire. C’est de plus en plus difficile dans la mesure où de nombreux échanges se front grâce à internet. Internet est super, car il nous permet d’avoir accès à de nombreux groupes émergeants mais la problématique, c’est qu’on reçoit tellement de liens et les programmateurs et les diffuseurs n’ont pas le temps de tout écouter et de tout regarder. La musique est un produit et quand on parle de produit, c’est important de rencontrer des gens et de créer des réseaux. On se rend compte aussi qu’on ne peut pas tout faire à travers internet. Voir les artistes sur scène, ce n’est pas comme les voir à travers un lien Youtube. Personnellement, je souhaite, en participant à ce marché, qu’il y ait une véritable prise de conscience de l’importance du droit d’auteur à Maurice et que l’accent soit mis sur la professionnalisation. Aujourd’hui, le droit d’auteur est une source de revenus non négligeable pour un artiste, qu’elle provienne d’une télé ou d’une radio ou des concerts, il est même de plus en plus important pour lui. D’autant plus que c’est très compliqué de sortir de son île. Cela génère des coûts énormes en matière de déplacement. Il est très souvent supérieur au cachet de l’artiste. Pour un programmateur, ce n’est pas forcément un choix évident. C’est plus facile de programmer un artiste vivant en métropole qu’un artiste de l’océan Indien.»
Sonya Mazumdar de IndiEarth Xchange, marché de musique indienne
«Je suis très contente de la mise sur pied de ce marché. Durant les trois dernières années, nous avons attendu avec impatience la naissance de MOMIX. IndiEarth, le marché que j’ai mis en place en Inde, est un des partenaires de MOMIX. Je pense que ce marché mauricien est bien parti. Dans le passé, j’ai programmé des artistes mauriciens à IndiEarth. Je pense que la musique mauricienne est de qualité et remplie de sincérité. Ce marché va définitivement aider les artistes mauriciens à exporter leur musique. Je suis là pour entendre les artistes mauriciens. Si dans le passé, j’ai travaillé avec Eric Triton, j’espère cette année pouvoir programmer d’autres artistes mauriciens sur mon marché.»
Delphine Berthommier manager d’un groupe local
«En tant que jeune manager local, MOMIX est une opportunité pour nous de rencontrer des professionnels internationaux. J’ai ainsi pu rencontrer Jean-Alain Roussel, qui m’a donné beaucoup d’informations sur les formations car nous n’avons pas forcément accès à la formation dans l’île. Je suis manager depuis seulement deux ans. Donc, je me sens comme une débutante, et j’espère vraiment que ces professionnels pourront m’aider à me professionnaliser.»
Gilles Lejamble, producteur du label Libertalia Music Records et du festival Libertalia à Madagascar
«Notre objectif est vraiment d’exporter les artistes. Repérer les jeunes talents, les développer, les professionnaliser et tenter l’aventure du marché international. Par rapport à ma présence ici, j’ai déjà annoncé à Stephan Rezannah que je l’invite lui et son groupe à la prochaine édition de Libertalia qui se tiendra fin mai 2018 à Nosy Be. Une de mes missions ici, en collaboration avec Stéphan Rezannah, est d’identifier l’autre groupe mauricien que l’on peut inviter à Libertalia. On est en train de se rapprocher. On va travailler davantage ensemble. Ce marché de musique est très positif. Nous sommes, Maurice et Madagascar, dans la même démarche avec les mêmes galères. Au moins vous avez un ministre de la Culture qui vient au lancement de ce marché. Je trouve que c’est une bonne chose. Il faut resserrer les liens avec l’Etat, même si on ne peut pas en attendre beaucoup. Ce n’est que quand une industrie va se développer grâce à la professionnalisation des artistes que les politiciens adhèreront plus facilement à la culture. Pour le moment, il faut les encourager et les aider à comprendre que la culture est importante pour le développement d’un pays. Mais ce n’est pas facile. C’est un investissement de longue haleine. Je pense d’ailleurs que le renouveau de Madagascar se fera par la culture.»
Eliasse, des Comores, artiste et fondateur de l’association Assonanyona, qui œuvre pour la promotion d’artistes
«Il faut continuer à faire ce marché. On cherche tous à se connecter avec l’hexagone, mais on ne cherche pas à se connecter dans la région et à se connaitre. Je pense que c’est une lacune. On devrait avoir un public de l’océan Indien. Malheureusement aujourd’hui, si je demande à des artistes comoriens s’ils connaissent Eric Triton ou Danyel Waro, la plupart ne savent pas qui ils sont. Et là, je ne parle même pas du grand public. Aujourd’hui, on se retrouve dans des festivals à travers le monde et ces festivals ont des têtes d’affiche, mais aucun de nous ne pourra remplir un Bataclan à lui tout seul. Pourquoi ? Parce qu’on n’a pas assez de représentants de nos îles là-bas. Les Mauriciens ou les Comoriens seuls ne pourront pas remplir une telle salle. Mais si on se partageait nos musiques dans la région, si le Mauricien apprend à connaitre la musique de Madagascar ou des Seychelles et vice versa, les gens de l’océan Indien habitant l’Europe se déplaceraient alors en masse pour aller écouter un artiste venant des îles. C’est dans ce sens que je suis convaincu que ce genre de marché, qui promeut des rencontres, est très important».
Edwige et Fred Lachaize directeurs du Reggae Sun Ska Festival, soit le plus ancien festival de reggae français. L’évènement a fêté ses 20 ans cette année.
«Depuis quelques années, nous accueillons de jeunes Mauriciens à ce festival. On voit qu’il y a une vraie passion pour le reggae ici. Stephan Rezannah et une partie de son équipe sont également venus au festival s’inspirer de ce genre d’événement. Du coup, nous sommes venus voir les artistes mauriciens de plus près et voir comment le secteur évolue. La présence du ministre des Arts et de la culture ce soir est un signal fort. Nous sommes ici pour voir sur quel genre d’échanges on peut travailler. Il ne suffit pas de prendre un groupe d’artistes et de les faire venir sur le festival. Il faut que derrière, tout un travail soit fait en France et en Europe. Sinon, on aura fait un coup pour rien. Il faut que cela aille plus loin que de venir faire un concert. Jusqu’à présent, nous n’avons jamais accueilli des artistes mauriciens dans le concert. Justement avec ce marché, c’est l’occasion. Nous pensons qu’il y a beaucoup de talents ici».
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