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Crise à Air Mauritius: l’effet Seetaramadoo...

7 octobre 2017, 11:45

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Crise à Air Mauritius: l’effet Seetaramadoo...

Un nom virevolte dans la nouvelle turbulence qui secoue Air Mauritius (MK) depuis le jeudi 5 octobre. Celui de Mike Seetaramadoo, l’Executive Vice-President (EVP) Commercial and Cargo, et responsable des ressources humaines de MK. Il était à la même table que le Chief Executive Officer (CEO) Somas Appavou, à la conférence de presse-rotin bazar au Paille-en-Queue Court, hier matin, vendredi 6 octobre.

Le couperet est tombé en début de soirée. Le conseil d’administration a résilié le contrat de trois pilotes, avec effet immédiat. Cette décision concerne un pilote belge, Patrick Hofman qui est le président de l’Airline Employees Association (AEA), et deux autres, qui n’avaient pas encore été informés à l’heure où nous mettions sous presse.

Un air de déjà-vu donc, après l’épisode Megh Pillay, avec ce même Mike Seetaramadoo qui n’est jamais trop loin. Pourtant il ne siège pas au board présidé par Arjoon Suddhoo. Outre le CEO Appavou, ce board comprend le secrétaire au cabinet Nayen Koomar Ballah, le Senior Advisor du bureau du Premier ministre Prakash Maunthrooa, le secrétaire financier Dev Manraj, le candidat battu du Muvman Liberater, Anwar Abbasakoor, l’avouée Ammanah Ragavoodoo, qui a fait partie du panel juridique de Pravind Jugnauth dans l’affaire MedPoint, l’homme d’affaires Derek Lam Po Tang, ainsi que le président de l’Association des hôtels de charme, Bissoon Mungroo.

Un homme controversé

Ce n’est pas la première fois que Mike Seetaramadoo se retrouve en plein cœur d’une zone de turbulences secouant le transporteur national. Non seulement depuis son come-back au sein de la compagnie, le 20 janvier 2016, mais aussi depuis la première fois qu’il y a été recruté un 9 novembre 1984.

Congés maladie...

Commençons par ce qui est arrivé jeudi. Las que leurs maintes revendications faites au responsable des ressources humaines, ainsi qu’au CEO, n’ont pas été prises en compte, des pilotes ont mis à exécution leurs menaces. Dix d’entre eux ont pris un congé maladie et un autre un emergency leave, provoquant l’annulation de quatre vols internationaux au départ de Maurice. Ce qui, comme rapporté dans notre édition d’hier, a entraîné la colère d’un millier de passagers. Ces derniers ont été contraints de passer la nuit soit à l’hôtel, aux frais d’Air Mauritius, soit, chez eux. Y compris un passager qui devait subir une intervention chirurgicale le lendemain, en Inde.

Exaspération des pilotes

La goutte de trop a été le non-réajustement des conditions d’emploi des recrues chez les pilotes. Celles-ci se retrouvent avec un salaire de 25 % inférieur à ce qui a été établi dans un protocole d’accord signé en 2011. Ainsi ils ne bénéficient que de 27 jours de congé par an au lieu de 42, pour ne citer que celles-là.

Cette exaspération des pilotes à l’égard de Seetaramadoo, considéré comme un  proche du pouvoir et du CEO, ne date pas d’hier. Déjà, dans une correspondance envoyée au board, le 7 novembre dernier, après le limogeage de Megh Pillay, les pilotes ont attiré l’attention sur leurs craintes qu’un terme soit mis aux efforts entrepris par l’ancien CEO pour assainir les relations de travail entre la direction et les pilotes.

Protestations syndicales

Dans la lettre, les deux syndicats de pilotes d’Air Mauritius – l’AEA et la Mauritian Air Line Pilots Association (MALPA) – dénoncent les «décisions unilatérales pour modifier les conditions d’emploi des employés sans consultation au préalable avec les syndicats et sans l’approbation du CEO» prises par Mike Seetaramadoo. Ces syndicalistes évoquent par la même occasion le manque de pilotes ainsi que la perturbation de leur vie sociale et familiale depuis qu’ils doivent voler durant leurs jours de congé.

Megh Pillay éjecté

Hormis les pilotes, l’ex-CEO de MK a aussi fait les frais de s’être frotté à Mike Seetaramadoo. Megh Pillay a été éjecté avec effet immédiat, lui aussi, le 28 octobre dernier, parce qu’il a été intransigeant par rapport au maintien du comité disciplinaire mis en place pour entendre Mike Seetaramadoo. À l’opposé du président Arjoon Suddhoo qui, lui, avait ordonné au Company Secretary l’annulation de ce comité.

Suspendu pour insubordination

Mike Seetaramadoo avait été suspendu 24 jours plus tôt pour insubordination. Il lui avait aussi été demandé de fournir des explications sur des zones d’ombre entourant ses qualifications et son expérience. Il avait présenté ces informations quand il avait postulé pour le poste d’EVP Human Resource début 2016. Par ailleurs, la commission anticorruption avait été saisie, en deux fois, de cette affaire. Aucune suite à ce jour.

Ensuite, ce qui était prévisible après l’éviction de Megh Pillay, arriva. Moins de quatre mois après, soit le 14 février 2017, Mike Seetaramadoo a repris son poste à MK. Le comité disciplinaire présidé par Sanjeev Ghurburrun a conclu que «l’accusation portée contre lui n’a pas été prouvée». Outre ses responsabilités d’EVP Commercial and Cargo, Mike Seetaramadoo a repris dans la foulée, la barre des ressources humaines.

23 cas d’irrégularités

C’est le 20 janvier 2016 que Mike Seetaramadoo avait fait son retour à MK, comme responsable des ressources humaines. Sauf, qu’avant même son recrutement, il a fait l’objet d’une missive envoyée, notamment, au Premier ministre d’alors, sir Anerood Jugnauth. Cette lettre rappelle son départ controversé de la compagnie le 8 mars 2002, à la suite d’un rapport d’audit interne, lui reprochant 23 cas d’irrégularités. Traînant MK en justice par la suite, pour licenciement injustifié, avec une réclamation de Rs 6,7 millions, Mike Seetaramadoo a toutefois été débouté en cour industrielle en 2006, puis, en cour d’appel en 2008.

Employé permanent

Six mois après son retour, il a été confirmé comme employé permanent. Il aurait lui-même écrit sa lettre de confirmation, avec un salaire passant alors de Rs 275 000 à Rs 350 000 par mois, en sus des ajustements pour des responsabilités additionnelles. Ses indemnités de retraite ont été rétablies, il est aussi devenu éligible à une pension effective à partir du 9 novembre 1984. Soit, depuis la première fois qu’il avait été recruté par MK en tant qu’Accounts Clerk.

Cette lettre comporte la signature d’Arjoon Suddhoo uniquement puisque Megh Pillay avait refusé d’y apposer la sienne. L’on se souviendra aussi de la fois où l’EVP Commercial and Cargo a signé un accord avec le ministre de la Fonction publique d’alors, Alain Wong, pour un rabais de 15 % sur les billets d’avion aux fonctionnaires. Ou encore lorsqu’il a annulé les privilèges contractuels des membres d’équipage. Dans le dos de l’ex-CEO.

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