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Le vipassana ou la quête de l’essentiel
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Le vipassana ou la quête de l’essentiel

La pratique de la méditation change la manière dont on perçoit et on aborde le monde extérieur car elle permet une prise de conscience profonde et objective des émotions, des comportements et des situations.
Rien n’égale l’ampleur du silence qui prélude l’essence du véritable Soi. Rien ni personne n’a de place ici, ni les dieux, ni les diables. C’est un chemin que l’on parcourt seul, les yeux fermés, dans une obscurité qui engouffre le temps. Comme tout le reste, ce qui émanera de ce texte sera impermanent. Annica . Ce que nous avons été, ce que nous sommes, ce qui nous entoure, ce que l’on deviendra... rien n’importe sauf le moment qui «est».
L’art de la méditation Vipassana est un mélange de sens enchaînant des découvertes aussi délicieuses qu’effrayantes. Mais ce texte n’est pas le récit d’un voyage. C’est une quête de l’essentiel ; un devoir d’apprentissage.
On m’a enseignée cet art pour la première fois, à Lumbini, le lieu de naissance de Gautama Buddha. À l’entrée, j’avais guetté, anxieuse, cet énorme cadenas qui m’enfermerait dans le monastère isolé pendant 10 jours. Là, j’ai dû abandonner mes rêves, mes lettres et mes rituels. Sans regard, ni prière, j’avais décidé d’affronter la solitude avec Discipline comme seul réconfort.
Dans ce havre de paix, je fais face à une tempête de souvenirs transportant les années, en avant, en arrière. Cet art se dessine dans une marée d’émotions. Mon cerveau titube, surpris par des vagues dramatiques, brusques, et irrationnelles. Mes pensées ont soif. J’ai besoin de respirer, de crier, de chanter, de sangloter et de rire. Mais le vœu du silence est doté d’un pouvoir inouï. Il s’agit d’un contrat avec les ondes, invisible mais omniprésent.
Les directions de la technique sont claires, il ne faut ni bouger, ni flancher. Donc, me voilà assise, des heures durant, les jambes en feu, avec pour seul carburant, un repas et un fruit. Immobile, les paupières baissées, j’apprends que le désespoir n’existe que par le bonheur qui en précède ou qui s’ensuit. Les jours sont lourds de contemplation mais démunis d’attentes et de jugements. Figée, docile, mais déterminée, je capitule dans la quiétude de la méditation pour me libérer de ces autres vies qui s’acharnent et se débattent.
Rien n’est isolé, tout est question de cause à effet. Mes jambes brûlent encore, mes mollets hurlent de douleur et mes chevilles crépitent comme de la braise enragée. La douleur a une force, une couleur, et une odeur. J’apprends à la reconnaître, à la comprendre et finalement, à l’accepter. Il n’est pas question de la conquérir, ni de la vaincre, mais de la sentir. Il s’agit de l’endurer avec patience, humilité et sagesse pour ensuite s’en détacher librement. Le bonheur a aussi une force, une couleur et une odeur.
Je redécouvre des instants purs que le temps avait enfouis sous le poids des années et la pression de «grandir». Je revis un de mes premiers instants de bien-être : l’air frais contre mon visage – à 3 ans – assise dans le panier d’un vélo roulant à toute allure. Tout change, rien ne dure, ni perdure. Alors réticente, je me détache, aussi, de cet instant merveilleux.
La vérité du moment se trouve dans la poésie du souffle. La magie n’opère que si l’on découvre, accepte et abandonne nos prisons d’affects et de délices. Je découvre avec tourment que ce qui appartient au passé n’existe plus ; il est perdu pour toujours. Le futur, lui, n’est composé que de mirages qui a tout moment s’esquissent ou s’évaporent. Qu’ils soient teintés de bonheur ou de malheur, de rêves ou de traumatismes, les deux sont illusoires et détachés du Réel. Ne pas créer d’aversion pour le passé, ni de soif pour le futur. Le moment de sérénité et de bien-être se situe à l’aube de la liberté, dans un présent brûlant.

Le vipassana est, pour moi, l’art sacré de la libération. Il s’apprend grâce à l’engagement, l’humilité et la discipline. La technique me renforce dans les moments les plus noirs de ma vie, et me sert d’arme pacifique contre mes démons intérieurs, mes fantômes du passé et mes angoisses du futur. Le temps n’a plus de pouvoir, seul l’essence prime et marque un moment vrai, suivi d’un autre, puis d’un autre. À partir de là, c’est une pratique de cœur qui se pratique dans la salle d’attente du dentiste, dans des réunions professionnelles frustrantes, autour d’un feu de camp à Tamarin ou au milieu des embouteillages à Port-Louis. C’est un soupir enflé qui révèle que ce qui est réellement vrai n’existe que dans le moment présent. Dong . Tel un gong. Dong. Qui sonne. Dong. Et qui résonne. Dong …
Les dix concepts du vipassana
La méditation vipassana est une technique de méditation qui s’inspire de 10 concepts spirituels:
1. Annica – Impermanence
2. Dukkha – Souffrance
3. Anatta – L’absence d’ego
4. Sila – Moralité
5. Samadhi – Concentration
6. Panna – Sagesse
7. Sankharas – Réactions
8. Dhamma – nature
9. Dana – générosité
10. Adhittana – Détermination
11. Metta – Bonté d’âme
Pendant les dix jours de cours, huit préceptes principaux doivent être respectés :
1. S’abstenir de tuer tout être vivant
2. S’abstenir de voler
3. S’abstenir de toute activité sexuelle
4. S’abstenir de mentir
5. S’abstenir de toute substance intoxicante
6. S’abstenir de manger l’aprèsmidi
7. S’abstenir de divertissement sensuel et de décorations corporelles
8. S’abstenir d’utiliser des lits hauts ou luxueux

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