Publicité
Jeunes et terroristes: internet montré du doigt
Par
Partager cet article
Jeunes et terroristes: internet montré du doigt

Ils sont «à l’âge de la vulnérabilité», commente Rafick Carrim, vice-président de la Jummah Mosque. Ce sont des jeunes qui ont osé faire un pas de trop : celui de vouloir rejoindre des groupes terroristes. À titre d’exemple, deux Mauriciens, Umar Fokeer et Muntazzam Saddula, soupçonnés de vouloir rejoindre le groupe terroriste Daech, qui ont été interpellés à leur descente d’avion, à Istanbul, il y a quelques semaines. Avant d’être autorisés à rentrer chez eux. Quelques mois plus tôt, deux compatriotes, Zafirr Golamaully et sa sœur Lubnaa, ont rejoint les rangs de l’État islamique. Mais qu’est-ce qui pousse les jeunes à s’intéresser aux activités des groupes terroristes, voire à rejoindre leurs rangs ?
Les jeunes sont d’une vulnérabilité extrême, explique Rita Venkatasawmy, Ombudsperson for Children. Ce qui «fait qu’ils sont des proies faciles et manipulables. Ils sont aussi déconnectés de leur famille, livrés à eux-mêmes et ne sont pas solidement encadrés. Puis il y a la culture de la violence dans le contexte familial. Le jeune peut à tort penser que c’est par la violence que les choses se règlent. Or, ce n’est pas normal.»
Pour Khalil Elahee, chargé de cours à l’université de Maurice, l’accès au Web et l’abus de ses usages peuvent constituer des facteurs de cause à l’endoctrinement des jeunes. Quant aux réseaux sociaux, ils génèrent une communication vertigineuse et démultipliée «qui peut aussi occasionner des dérives d’usage», ajoute Issa Nobee, membre de la communauté musulmane Ahmadiyya. Rafick Carrim révèle, lui, une «exploitation des instruments techniques en vue de promouvoir l’idéologie visant à assimiler le terrorisme à une ‘noble cause’.»
Mauvais usage technologique
La plupart de nos interlocuteurs, du reste, montrent du doigt le mauvais usage technologique, arguant que les parents doivent faire preuve de vigilance lors qu’ils offrent des smartphones ou des tablettes très sophistiquées à des adolescents.
Autre interprétation, cette fois de Michael Atchia, pédagogue : «Le manque de discernement, d’éducation et d’éthique chez les jeunes sans but ni ligne de conduite.» Prolongeant cette pensée, Paula Atchia, également pédagogue, soutient que «l’idéalisme erroné, le désir d’excès, la soif de justice, le sacrifice pour une cause seraient contributifs à l’intégration au terrorisme».
Dans certains cas, la souffrance ou la fragilité psychologique peut aussi pousser l’adolescent à chercher, au mauvais endroit, des voies de salut. «Il y a une mauvaise interprétation religieuse, une ignorance des vrais enseignements. Ces jeunes subissent un lavage de cerveau dans l’intérêt des personnes mal intentionnées qui vont les dévoyer et leur faire croire qu’ils atteindront le paradis en tuant massivement», déclare Issa Nobee. Leurs actes sont alors dictés par un besoin de vengeance à l’encontre de pays occidentaux qui menaceraient leur cause terroriste.
Douna Bouzar : «45 % des jeunes ont pu être sauvés»
<p>Selon cette anthropologue et directrice du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’Islam, institut de recherche, prévention et accompagnement contre la radicalisation, pour pouvoir<em> «hameçonner» </em>des jeunes, les recruteurs arrivent masqués sur les réseaux sociaux. Ils se font passer pour des nouveaux amis. Ils évaluent le profil de leur cible et lui proposent un idéal qui lui convient. Progressivement, le groupe pense à la place de l’individu. Pour s’en sortir, avec le soutien de sa famille, le radicalisé se replace dans son histoire, sa filiation et son corps... 45 % des jeunes suivis ont pu être sauvés, 5% sont retombés et sont incarcérés ou décédés, et 50 % sont en voie de stabilisation. Il faut compter des années pour qu’un jeune fasse le deuil de l’utopie de Daech…</p>
Publicité
Publicité
Les plus récents




