Mukesh Balgobin accorde sa première interview en tant que président du Mauritius Turf Club. Plusieurs dossiers brûlants y sont abordés, dont l’implication ou non du MTC dans le betting et dans le commingling avec l’Afrique du Sud.

La présidence du MTC est enfin la vôtre. Le rêve se réalise enfin !
Je n’ai jamais eu pour but ultime de devenir président du MTC. C’est faux ! J’ai été administrateur de 2007 à 2009 sans pour autant vouloir être le patron du club. Ce n’est que l’année dernière que l’idée a germé lorsque j’ai récolté 69% des votes lors des élections de 2016. J’ai été élu aux côtés de Paul-France Tennant, lequel a, de concert avec plusieurs membres du MTC, invité à songer à cette éventualité. Je n’étais pas obnubilé par la présidence du MTC ! Maintenant que je suis à la tête du Club, je dois remercier tous ceux et celles qui ont voté pour moi l’an dernier. J’exprime également ma gratitude envers mes collègues administrateurs pour m’avoir permis de diriger le club cette année.

Reste que Pierre de C. du Mée est d’un tout autre d’avis. Il ne comprend pas votre impatience pour accéder au poste suprême. Il l’a dit dans nos colonnes récemment…
Je regrette la décision de Pierre. C’était l’occasion pour moi de travailler avec lui en étant président. Je tiens à éclaircir certains points suite à l’interview qu’il vous a accordée il y a quelques semaines. Pierre avait signifié son intention de partir avant même la tenue de la réunion prévue à cet effet s’il n’allait pas être choisi pour diriger le club. Il nous a mis la pression ! Je ne sais pas de quel empressement il parle. L’occasion m’était donnée de tenter un move depuis 2007, mais ce n’est qu’en 2017 qui j’ai été désigné. 10 ans plus tard ! Il est vrai que Pierre a apporté une contribution significative comme administrateur. Il semble, cependant, oublier qu’il a été mandaté pour travailler pour le club. Les membres qui lui ont fait confiance attendaient mieux comme réaction de sa part. Pire, je trouve grave qu’il ait attaqué certains administrateurs dans la presse. C’est inacceptable qu’il ait raconté tout ça. Il y va d’une clause de confidentialité sur le board des administrateurs qu’il a lui-même défendue lorsqu’il était administrateur. Où est l’éthique ?

Changeons de sujet et parlons plutôt de vos projets prioritaires en ce début de mandat comme président du MTC. Un courriel de la compagnie sud-africaine Phumelela, dont nous possédons une copie, est venu jeter un pavé dans la mare au sujet du commingling en faisant part de son intention de travailler avec ASL. Qu’avez-vous à dire ?
Nous ne souhaitons pas créer de concurrence à ce niveau. Contrairement à ce qui a été annoncé, le MTC ne va pas opérer de Tote et ne gérera pas de serveur pour le commingling dans l’immédiat. Ce n’est pas son métier ! Il y a déjà deux opérateurs de Tote à Maurice. Phumelela  est un partenaire d’ASL puisque celle-ci dispose déjà d’un serveur fiable, ce qui est une garantie pour Phumelela. Au niveau du MTC, bien évidemment on aura un droit de contrôle sur le commingling. Ne vous inquiétez pas ! Il faut bien que le MTC soit gagnante financièrement. D’ailleurs j’attends un rapport d’une personne en ce qui ,concerne le commingiling que je compte présenter au board des administrateurs prochainement. La meilleue solution c’est de trouver quelqu’un qui est expert dans le comaine pour nous conseiller. Ce n’est qu’après cela qu’on pourra prendre une décision.

«J’ai une liste de noms de ceux qui sont impliqués dans les paris illégaux.»

Vous allez à l’encontre du discours de votre prédécesseur Alain Noël qui, lors de la récente assemblée générale, faisait part de l’intention du MTC d’obtenir une licence de Tote à travers sa nouvelle compagnie, la Sports & Leisure Company Ltd ?
Non. Une nouvelle compagnie a été, effectivement, créée par le MTC afin d’obtenir les licences nécessaires. Mais ce n’est pas du jour au lendemain que le MTC pourra opérer une compagnie de Tote et faire du commingling. Il nous faut un serveur, les compétences et les infrastructures adéquates. Ce qui prendra du temps. Le projet est en standby. Pour l’heure, il n’est pas d’actualité.

Cela n’a pas marché fort entre le MTC et la GRA ces dernières années. Comment allez-vous y remédier ?
J’attends un rendez-vous avec la GRA. Il y a eu des ingérences dans le passé. Je ne souhaite pas entrer dans une bataille rangée à ce sujet. Je pense que la GRA veut elle aussi travailler pour la pérennité des courses à Maurice. Accordons nos violons !

Restons dans le domaine du jeu. Une de vos priorités avec la GRA sera sans doute le litige qui opposerait le MTC à SMS Pariaz en ce moment…
Notre désaccord avec cette compagnie de jeu se situe au niveau d’un montant de quelque Rs 6 millions comme commission à être versée au MTC. Il y a eu des échanges de correspondances et je crois comprendre que l’affaire risque de prendre une tournure légale.

Au MTC, des changements au niveau de la composition du board des commissaires de courses sont annoncés…
Hugues Maigrot et Alain Rousset sont de très bons candidats. S’ils viennent, ils apporteront plus d’expertise et de rigueur. Il y a aura peut-être du changement. Pour ce qui est de Stéphane de Chalain, il a toujours notre confiance. Il est jeune. Ce qui est en phase avec notre politique qui est de faire confiance aux jeunes dans des postes-clés.

Quelqu’un en particulier dans votre collimateur sur ledit board ?
(Après un moment de réflexion) Vous verrez bien. Il nous faut un minimum de professionnalisme. Je ne vais pas balancer de nom comme ça. Je peux toutefois vous dire que le board des commissaires sera intraitable cette année. Aucun écart ne sera toléré.

Avez-vous trouvé le digne remplaçant de Benoît Halbwachs pour agir comme CEO ?
Pas encore. Il nous faut quelqu’un de professionnel. Il faut que cette personne soit à la hauteur des défis qui guettent le club. Nous prenons cela très au sérieux. Il se peut aussi que ce soit un étranger.

Qu’avez-vous à répondre à ceux qui prétendent que le dossier de Médine Ltd pour un nouvel hippodrome pourrait avancer plus avec vous à la barre du MTC ?
Le projet de nouvel hippodrome, on en parle depuis plus de 20 ans. Malheureusement rien ne s’est concrétisé. Je suis au courant que Terra avait fait une proposition en 2015 pour un nouvel hippodrome dans le Nord. Par la suite elle a abandonné son projet. Par contre, il n’y a eu aucune proposition formelle de la part de Médine Sugar Estate. N’importe quel promoteur serait le bienvenu pour nous soumettre une propositiion. Que ce soit un Mauricien ou un étranger. Il n’est un secret pour personne que le Champ de Mars a fait son temps.

Une dernière question Mukesh Balgobin. D’aucuns disent que vous ne seriez pas dans les bons papiers du gouvernement. Eventuellement, si c’est le cas, ça risque d’embarrasser le MTC…
Vous faites bien de me la poser celle-là. Il y avait une section de la presse qui disait que j’étais en très bons termes avec le gouvernement en 2016 après mon élection comme administrateur. On avait même écrit que j’allais être le sauveur du MTC. Grande fut ma surprise de lire le contraire après les élections de cette année, qui ont plébiscité Frantz Merven et Kamal Taposeea. Je vous laisse tirer vos conclusions. Mais, c’est clair qu’on a besoin du gouvernement. Sans le soutien des autorités, ce n’est même plus la peine de songer à continuer. Le Champ de Mars et les courses, ça concerne tout le monde. Tou dimoun koz lecourse dan Moris. Par ailleurs, nous comptons beaucoup sur la police des jeux pour combattre les paris clandestins, qui font un mal terrible au MTC et au gouvernement. Comment les combattre ? Un début serait de baisser la betting tax et le MTC et le gouvernement seront dans une win-win situation. Ce qui inciterait les gens à jouer légalement. Plus d’argent dans nos caisses équivaudrai à plus de stakesmoney pour encourager les propriétaires. Et puis il faudrait traquer ceux qui opèrent dans l’illégalité. J’ai une liste de noms de ceux qui sont impliqués dans les paris illégaux.