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Journée mondiale du diabète: goûter aux plaisirs de la vie
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Journée mondiale du diabète: goûter aux plaisirs de la vie

La Journée mondiale du diabète sera observée ce lundi 14 novembre. Cette maladie tue une personne toutes les six secondes, plus que le sida, la tuberculose ou la malaria. Sa méconnaissance fait que ses consignes médicales ne soient peu ou pas suivies.
Cette jeune femme de 31 ans, qui exerce comme Management Support Officer dans un département de la force policière depuis 12 ans, est rigolote et respire la joie de vivre. À la regarder, on l’imagine mal diabétique. Or elle l’est. Kaajal ne souffre pas d’un diabète congénital, bien que son père le soit aussi. C’est après une intervention chirurgicale en 2014 qu’un médecin note que sa glycémie (taux de sucre sanguin) est modérément élevée. Il la rassure en lui disant que c’est généralement le cas après une opération et que ce taux baissera peu après.
À partir de ce moment-là, Kaajal utilise le glucomètre de son père pour tester sa glycémie de temps en temps. «Tout le monde à la maison vérifiait sa glycémie. La mienne était un peu forte. Elle oscillait entre 4 et 6 mmol/litre. Mo pa ti pé kas latet», raconte cette habitante de Nouvelle-Découverte.
En février, elle doit repasser par le bloc opératoire et lors de son admission, sa glycémie est à 9 mmol/l. Kaajal se dit que cela doit venir du stress. Avant de l’endormir, l’anesthésiste lui conseille de revenir à l’hôpital dans deux mois pour faire vérifier sa glycémie. La jeune femme ne le prend pas trop au sérieux. Chaque samedi, elle utilise le glucomètre de son père. Son taux de sucre sanguin joue au yo-yo. Des fois, c’est 6 mmol/l et d’autres fois plus de 10 mmol/l. Son père réagit très bien à l’absorption du jus de pamplemousse qui contribue à faire baisser sa glycémie. Elle s’y essaie aussi mais dans son cas, son taux de sucre sanguin grimpe à 13 mmol/l. Ce qui ne laisse la place à aucun doute possible.
Kaajal hésite entre aller à l’hôpital – son père a dû poireauter deux mois avant d’être vu par un spécialiste et «son état aurait pu se détériorer» –, et consulter un spécialiste du privé. Elle opte pour la dernière solution. «Mo ti per ek stress ti pé fer mo diabet monté. Pour moi, être diabétique c’était la fin du monde. Je me disais que j’avais toute la vie devant moi et je me demandais comment j’allais faire ? Je pensais qu’en sus de médicaments lourds, j’allais être confrontée à des tas de restrictions alimentaires. Or, le diabétologue que j’ai consulté a été extraordinaire. Il m’a expliqué ce qu’est le diabète, m’a prescrit des médicaments qui ne sont pas nocifs pour le pancréas. Il m’a encouragé à faire de l’exercice et m’a dit que je pouvais manger de tout mais en quantités minimales. Et que si pour un jour, j’avais triché, il me fallait rééquilibrer le lendemain. Si li ti dir mwa koup séki mo kontan, mo pa krwar mo ti pou kapav tini rézim-la», dit Kaajal qui craque pour deux aliments: les pizzas et les pâtes.
«Dès que ma mère ne savait pas quoi cuisiner, je lui soufflais le mot macaroni à l’oreille. Les pizzas, j’en mangeais aussi mensuellement. Maintenant que je sais que je peux en manger en quantités minimales lorsque j’ai une fringale, j’arrive à tenir le coup en règle générale. Lorsque je triche, le lendemain, je rétablis l’équilibre avec des légumes, des crudités et des fruits.»
Kaajal va à la gym presque tous les jours et boit énormément d’eau. Si sa glycémie s’est stabilisée, elle a un objectif précis en tête: faire en sorte de la maintenir le plus stable possible pour que son pancréas redémarre sa production naturelle d’insuline et qu’elle n’ait plus à prendre des médicaments. Elle se donne deux ans pour atteindre son but. Et si elle n’y parvient pas ? «Je ne me découragerai pas. Le métabolisme de chacun est différent. Il faut beaucoup de discipline et toujours garder les yeux rivés sur son objectif. L’un ne va pas sans l’autre. Je ne baisserai pas les bras…»
Pas un drame
<p>Les diabétologues-endocrinologues sont formels: plus de 95 % des diabétiques de type 2, qui sont en plus grand nombre dans le monde, ne respectent pas les consignes médicales.<em> «Malgré tous les efforts du gouvernement, des médecins et des médias, il y a encore une méconnaissance de la maladie. Les gens ne la comprennent toujours pas. C’est notre faute à tous»</em>, lâche le Dr Suleiman Shimjee, consultant en diabétologie et endocrinologie. Il en est ainsi, selon lui, car les praticiens ont tendance à dramatiser cette maladie. <em>«Les gens qui consultent pour la première fois pensent au pire, aux complications, à l’inévitabilité de l’amputation ou de la cécité alors qu’avec un bon contrôle de leur glycémie, ils peuvent l’éviter. Toutes les études le montrent. Il ne faut plus croire qu’être diabétique en 2016 est un drame.»</em></p>
<p>Lors de la première consultation, le Dr Shimjee explique que le diabète est une maladie chronique évolutive, dans le bon comme le mauvais sens, surtout si l’on ne suit pas les consignes mais il ne recommande plus un régime pour diabétique. <em>«Je recommande un healthy diet, car le diabète n’est pas une maladie du sucre mais multifactorielle. Si l’on dit à une personne de ne pas manger du riz, de pain, de farine, de sucre, elle va se demander ce qui lui reste à manger et au bout d’un certain temps, elle enverra valser le régime. Je conseille donc une alimentation équilibrée en évitant autant que possible le sucre, les fritures, la farine. Mais si une fois de temps à autre, la personne craque pour ces aliments, ce n’est pas un drame, du moment qu’elle rééquilibre son alimentation le lendemain.»</em></p>
<p>Il conseille aussi l’exercice. <em>«Il faut oser bouger et pratiquer de la marche, du jogging, de la natation, du football. Si une personne a un diabète qui fluctue beaucoup, on lui déconseille un sport intensif ou on lui demande de vérifier sa glycémie avant de le pratiquer»</em>. La médecine a fait énormément de progrès en matière de médicaments pour diabétiques. Neuf groupes de médicaments sont sortis durant la dernière décennie et qui ne fatiguent pas le foie. <em>«Ce sont des médicaments avant-gardistes. Mais de là à dire que l’on pourra s’en passer, ce sera difficile. Disons que le patient qui suit ce régime équilibré et prend ses médicaments pourra avoir une rémission et sa glycémie arrêtera de progresser ou se stabilisera.»</em></p>
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