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Marie Angéla Perrine: ma fille, ma bataille
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Marie Angéla Perrine: ma fille, ma bataille

Bien qu’épuisée après une nuit de nettoyage dans un centre d’appels, à Ébène, où «[mo] fer sizer tanto pou sizer gramatin», la sexagénaire Marie Angéla Perrine ne peut désormais plus rentrer chez elle, à Solitude, pour dormir quelques heures, se réveiller revigorée et passer du temps avec son époux et certains de ses petits-enfants… Dès le travail terminé, cette femme, originaire d’Anse Baleine à Rodrigues et qui vit à Maurice depuis 35 ans, doit se hâter de prendre l’autobus pour gagner Notre-Dame où l’attend sa fille, Marie Juanita, 43 ans, et sa petite fille de neuf mois.
Leurs vies n’ont pas toujours été aussi imbriquées. Marie Juanita, divorcée depuis longtemps et mère de deux adolescents, Loïc, 15 ans, et Gracie, 12 ans, partageait la vie d’un homme de qui elle est tombée enceinte. La quadragénaire travaillait là où elle trouvait de l’embauche comme femme de ménage et «seki li ganyé, li ti pé amenn lakaz pou so zanfan», raconte sa mère. Comme le père des adolescents ne donne aucune allocation pour ces derniers, le ministère de la Sécurité sociale y pallie en leur offrant chacun la somme de Rs 1500, dont une grande partie sert à leurs besoins scolaires.
L’an dernier, Marie Angélina Perrine est un peu préoccupée par la grossesse de sa fille, car Marie Juanita a des poussées d’hypertension. Elle accouche de la petite Joelina et tout semble aller pour le mieux. Jusqu’au fatidique 8 novembre 2015, soit cinq mois après son accouchement. Ce jour-là, Marie Juanita fait un accident vasculaire cérébral (AVC) qui lui laisse de terribles séquelles: elle est hémiplégique du côté droit. Elle ne peut donc plus se mouvoir seule, ni s’occuper de ses enfants et encore moins prendre son bébé dans ses bras. Cet AVC la prive aussi de la parole. Elle comprend tout mais ne s’exprime qu’en borborygmes.
Un malheur n’arrivant jamais seul, son compagnon, qui a pourtant déclaré leur fille, l’abandonne pour une autre femme. Il se contente d’acheter le lait du bébé. C’est sa mère, Angelina Perrine, qui est contrainte de prendre le relais. À 6 heures lorsqu’elle termine son travail de nuit, elle se rend chez sa fille pour s’occuper du bébé, lui donner à boire et faire sa toilette, avant de faire de même avec sa fille, dont les enfants sont déjà partis à l’école. Elle a réussi à lui faire obtenir une pension de la Sécurité sociale en raison de son handicap. Allocation de l’ordre de Rs 5 000 qui fond toutefois comme neige au soleil car Marie Juanita doit d’abord s’acquitter du loyer de Rs 2 500 et des factures d’eau et d’électricité. «Lorsque l’on retire ces dépenses, il ne reste même pas de quoi faire la totalité des courses alimentaires pour le mois. Mo byen bisin rant ladan pou konplete. Mais je ne peux faire autant que je le voudrais car mon salaire est de Rs 7 000 et je dois aussi m’occuper de ma maison, de mon mari et de mes autres petits-enfants à Solitude.»
Lorsqu’elle peut se le permettre, Marie Angela Perrine fait venir un masseur qui habite Mapou car elle pense que les massages peuvent être bénéfiques à Marie Juanita et hâter sa guérison. «Mé ler péna kas, mo gagn onté dir li vini pou froté.»
Marie Angéla Perrine passe la journée à ranger la maison de sa fille et à s’occuper du bébé jusqu’à ce que ses petits-enfants rentrent de l’école et au-delà pour préparer le dîner. Son mari vient ensuite prendre la relève à 15 heures et s’occuper des enfants et de sa fille jusqu’à 21 heures.
Si Marie Angéla Perrine est reconnaissante envers le ministère de la Sécurité sociale pour toute l’aide financière obtenue, elle souhaite désormais pouvoir bénéficier d’une personne rétribuée par le ministère pour s’occuper de sa fille afin qu’elle puisse souffler. «Bisin enn carer pou okip li. Mo ti al biro Sékirité social Montagne-Longue é zot dir moi enn dokter pou fer li pass divan enn board médikal ek ava gété answit si li mérit gagn enn carer. Mé zot dir osi ki li pa dan sa bann ka ki gagn enn carer. Mo pé dimann Sékirité social fer enn zefor pou li. Mo bisin enn ed parski sa dé lazam la lour! Inn fer boukou aster… »
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