Publicité
Une famille accuse le Dr Fakim de négligence médicale
Par
Partager cet article
Une famille accuse le Dr Fakim de négligence médicale

A-t-il fait courir des risques inconsidérés à Buseerudin Beekhun en lui faisant une urétrotomie ? C’est l’accusation que porte la famille de ce patient décédé contre le Dr Anwar Fakim. Le chirurgien dit lui avoir tout tenté pour sauver un patient dont le pronostic vital était engagé avant la chirurgie.
Buseerudin Beekhun souffrait depuis deux ans du rétrécissement de l’urètre (il ne pouvait plus uriner normalement et avait été équipé depuis deux ans d’une sonde qu’il avait toujours sur lui). «Il était résigné à garder cette sonde car, à cause de ses antécédents cardiaques, tous les urologues que nous avons vus ont toujours refusé de lui faire cette opération. Mais le Dr Fakim a assuré pouvoir le faire sans risque», raconte Arshad, fils du défunt.
Rendez-vous est donc pris à la clinique Medisave pour la chirurgie le 9 mars dernier. L’opération commence à 15 h 45. Deux heures plus tard, le Dr Fakim sort de la salle d’opération et informe la famille que tout s’est bien passé. «Il sortira dans une demi-heure», dit-il. Sauf que 45 minutes plus tard, il informe la famille qu’il faudra chercher l’avis d’un cardiologue, car «il y a un problème».
Le cardiologue arrivera à 19 heures. Son verdict, selon le Dr Fakim : il faudra admettre le patient aux soins intensifs. Or la clinique Medisave n’en a pas. Le chirurgien aurait proposé les services de la Clinique Apollo à la famille mais celle-ci refuse car elle n’en a pas les moyens.
Au final, le Dr Fakim dit avoir trouvé une place pour lui à l’hôpital de Flacq, où il exerce aussi comme consultant. Le temps de dépêcher une ambulance, c’est peu avant 22 heures que Buseerudin Beekhun quitte Quatre-Bornes pour Flacq. Il y passera environ trois semaines avant d’être transféré à l’hôpital Jeetoo.
Finalement, c’est dans une clinique de la capitale le 25 avril que le patient de 62 ans rend l’âme des suites des complications et des infections de l’urétrotomie. Or, entre-temps, la famille apprend que contrairement à ce qu’avait dit le Dr Fakim, l’opération ne se serait pas du tout «bien passée». Elle aurait même été avortée à cause d’un arrêt cardiaque.
Les proches du défunt, pour le prouver, brandissent une note des médecins de Flacq à ceux de Jeetoo où ils écrivent que le patient «had a cardiac arrest» lors de l’opération à Medisave avant qu’il ne soit transféré à Flacq. Ils allèguent que selon les dires de ces mêmes médecins, le Dr Fakim voulait continuer la chirurgie à Flacq, mais ses confrères le lui ont déconseillé.

Un médecin de l’hôpital de Flacq affirme que le patient avait fait un arrêt cardiaque à la clinique Medisave. Le Dr Fakim conteste cette analyse de ce qu’il appelle un «jeune médecin qui se trompe».

La famille a déjà entamé les démarches pour récupérer les dossiers médicaux de leur proche décédé en vue de porter plainte au Medical Council et au ministère de la santé. En attendant, le Dr Fakim a répondu aux questions de l’express.
Pouviez-vous vraiment pratiquer une urétrotomie «sans risque» sur un homme avec un antécédent cardiaque ?
Oui, cela se fait régulièrement, et sur l’avis d’un cardiologue et d’un anesthésiste. Dans ce cas précis, le patient a été vu par le cardiologue et l’anesthésiste 24 heures avant la chirurgie. Tous les tests ont été effectués par ces deux professionnels pour lesquels j’ai beaucoup de respect et ils ont donné leur feu vert. Je ne crois pas qu’on puisse leur reprocher quoi que ce soit non plus. Cet homme était malade. Il avait une sonde attachée à son corps. Il m’a dit «aidez-moi» et je lui ai dit que je ferai ce que je peux. Vous savez quelle est l’espérance de vie de quelqu’un avec une sonde ? Elle est de deux ans, car quoi que vous fassiez, il y aura toujours des infections. Lui, il avait sa sonde depuis 4 ans ! Ça m’a choqué. (NdlR : la famille affirme que le patient n’avait la sonde que depuis deux ans). J’ai tenté de lui sauver la vie.
<p><strong>La clinique Medisave, dépourvue d’infrastructures de soins intensifs, était-elle le lieu le moins risqué ? </strong><br />
Monsieur, je ne peux pas savoir à l’avance qui souffrira de quelles complications. Votre cardiologue et votre anesthésiste vous donnent le feu vert, que faites-vous. Il n’y a pas eu de risques inconsidérés. L’avis du cardiologue était-il mauvais ? Non ! Et celui de l’anesthésiste qui a des années de carrière ? Non ! La famille n’avait pas les moyens de payer pour cette opération à l’hôpital Apollo. D’ailleurs quand le patient ne s’est pas réveillé, je leur ai proposé de l’emmener à Apollo ou Darné, mais ils n’avaient pas les moyens.</p>
<p><strong>Pourquoi l’a-t-on transféré l’hôpital de Flacq, à l’autre bout de l’île et pas à Candos qui était à 5 minutes de là ?</strong><br />
Il n’y avait pas de place ni à Candos, ni à Jeetoo, ni à SSRN. Ce n’est pas moi qui décide. C’est le responsable du SAMU. Ce soir-là, il y avait une place à Flacq. La famille vous dira que j’ai choisi l’hôpital de Flacq parce que j’y suis consultant. Mais factuellement, il est sorti vivant de la clinique Medisave. Il a passé des jours à Flacq où je ne me suis pas occupé de lui. Il a ensuite été transféré à Jeetoo, puis il est allé dans une clinique de la capitale. Six semaines se sont écoulées entre la chirurgie et la mort du patient. Il s’est peut-être passé beaucoup de choses entre-temps. Pourquoi c’est moi qu’on accuse ? Il n’est pas mort à Medisave.</p>
<p><strong>La chirurgie à Medisave a-t-elle été complétée ou avortée ? La famille allègue qu’à Flacq vous auriez tenté de «compléter l’opération» mais vos confrères vous l’ont déconseillé.</strong><br />
Bien-sûr qu’elle était complétée du point de vue de la chirurgie. J’ai placé une sonde à travers l’urètre, comme il était convenu. Je concède que ça n’a pas marché. Le résultat n’était pas probant. Ce sont des choses qui arrivent. Il faut alors voir d’où vient le problème et essayer d’y remédier. Ça ne veut pas dire que la chirurgie était incomplète. Il y a d’autres cas où il a fallu s’y prendre à deux ou trois fois. </p>
<p><strong>Pourquoi le soir de la chirurgie, avez-vous dit que «tout s’est bien passé» alors que le patient était en arrêt cardiaque ? </strong><br />
D’un point de vue technique tout était réussi. J’étais confiant techniquement avant, et j’ai réussi techniquement. C’est en remontant à la salle d’opération que j’ai vu que le patient ne se réveillait pas. C’était un problème cardiaque. C’était imprévu. Devait-on prévoir ? On a tout fait pour tout prévoir, avec les tests du cardiologue.<br />
Écoutez, si vous me demandez s’il fallait refaire cette opération avec les données disponibles avant la chirurgie, je vous répondrai oui ! I tried to save a life ! De toute façon ce monsieur était condamné à mourir d’une septicémie. Il fallait faire quelque chose. Certes, les résultats n’étaient pas probants immédiatement après. Mais quand il a quitté Medisave, il était en vie. Quand il a quitté l’hôpital de Flacq, il était en vie. Que s’est-il passé après ?</p>
<p><strong>La famille brandit une note signée d’un médecin de Flacq. Celui-ci écrit que le patient avait fait un arrêt cardiaque à Medisave.</strong><br />
C’est un très jeune docteur qui a signé ce document. Il n’aurait pas dû écrire ce memo.</p>
<p><strong>Il s’est trompé ? Il n’y a pas eu d’arrêt cardiaque à Medisave ?</strong><br />
Bien-sûr que non. Il a eu un problème cardiaque. Quand on tentait de <em>«l’extuber»</em> sa tension artérielle tombait. Il fallait le maintenir sous ventilation et c’est pourquoi nous avons demandé qu’il soit admis à un ICU. Le document dont vous me parlez est signé par un <em>«pre-registration doctor».</em> Il n’a pas le droit d’écrire ce qu’il a écrit. Je ne sais pas comment il a pu faire cela. Mais la famille refuse de me croire. Que voulez-vous que je vous dise ? Cette affaire m’attriste. Mais croyez-moi, on a fait ce qu’on a pu, même au-delà.</p>
Publicité
Publicité
Les plus récents




