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Mahen Seeruttun: «Aucune objection à publier nos tests sur les produits agricoles»
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Mahen Seeruttun: «Aucune objection à publier nos tests sur les produits agricoles»

Sa réaction, après la publication des résultats des tests effectués par QuantiLab pour le compte de l’express sur des échantillons de légumes et de fruits vendus à travers l’île, ne s’est pas fait attendre. Mahen Seeruttun nous a conviés à une réunion à son bureau, le mardi 19 janvier. Il a salué l’initiative entreprise par l’express. Il a même accepté de participer à un débat sur les pesticides sur notre plateforme numérique.
Jusqu’ici, votre ministère a été réticent à publier les résultats des tests qu’il a effectués sur les produits agricoles en vue de déterminer leur taux de pesticides. Êtes-vous disposé à changer de posture ?
Je n’ai aucune objection à ce que les résultats de ces tests soient mis à la disposition des membres du public. Il ne faut, toutefois, pas les affoler.
Les résultats des tests étant désormais disponibles, pouvez-vous nous donner un aperçu de leur pertinence?
En 2014, 512 tests ont été menés. Il a été établi que seulement 6,6 % des échantillons testés avait un taux de pesticides supérieur à celui autorisé. La moyenne de non conformité aux normes d’utilisation tournait autour de 5 % entre 2010 et 2015. Les tests ont démarré en 2009. Il y a eu 54 analyses cette année, 571 en 2010, 425 en 2011, 347 en 2012, 384 en 2013 et 300 au 31 décembre de l’année dernière.
Qui sont chargés de mener les tests ?
Le prélèvement des échantillons est confié au personnel du Food and Agricultural Research Institute. Quant aux tests, ils sont menés au Food Technology Laboratory de Réduit et à QuantiLab.
L’enquête, réalisée par «l’express», a notamment établi que, dans certains cas, les paramètres imposés lors de l’utilisation de pesticides n’ont pas été respectés. Quel est votre avis sur la question ?
Il existe une perception selon laquelle il y aurait un abus quant à l’utilisation de substances chimiques dans le secteur agricole. En fait, la surutilisation de ces produits pourrait résulter d’un manque de connaissances sur les modalités d’usage. Ce qui pourrait aboutir à un mélange de substances aux mauvais dosages.
Mais il n’y a pas que cet élément. Ce phénomène affecte aussi la qualité du sol. D’où la nécessité d’observer un vide sanitaire d’une période de trois ans avant d’y introduire d’autres types de cultures.
De plus, le fait de se trouver dans une zone tropicale est un handicap. Pour combattre les mouches, le recours aux insecticides est inévitable. Il faut également tenir compte des effets liés aux changements climatiques et qui nécessitent une réadaptation de certains systèmes de culture. En fait, ce qui aurait été inquiétant, c’est que les résultats indiquent qu’il n’existe aucune trace de produits chimiques…
Sur quoi les résultats débouchent-ils ?
Ils permettent aux techniciens du Food and Agricultural Research Institute de cibler les endroits où une intervention est requise.
Des sanctions peuvent-elles être envisagées contre les agriculteurs qui ne respectent pas les normes d’utilisation des produits chimiques ?
Les techniciens du ministère ne sont pas habilités à sévir contre les contrevenants. S’il fallait prendre des sanctions, il faudrait qu’une unité spécifique soit créée.
Quelles sont les mesures envisagées par le ministère pour amortir, un tant soit peu, les effets d’une utilisation abusive de produits chimiques ?
Nous nous orientons résolument vers la promotion d’une agriculture bio ou d’une agriculture raisonnée. Le Mauritius Standards Bureau travaille déjà sur un projet visant à attribuer un label bio à des produits fabriqués localement.
Par ailleurs, le ministère a identifié un terrain, s’étendant sur une soixantaine d’arpents à Britannia et qui servira de plateforme pour le démarrage d’un projet de culture agricole, selon les exigences d’une agriculture bio.
Quant à la période de vide sanitaire de trois ans, elle sera respectée afin d’assainir le sol. J’ai approché certaines propriétés sucrières pour les inviter à consacrer une certaine superficie à la culture bio. Demain, je serai à Médine. Je rencontrerai d’ailleurs près de 300 planteurs au Farmers’ Service Centre de St-Pierre aujourd’hui. J’en profiterai pour les sensibiliser à adopter de bonnes pratiques agricoles.
Parmi les autres mesures envisagées, il y a le renforcement de la présence des techniciens sur le terrain ; la distribution de CD sur les bonnes pratiques agricoles – du reste, des sessions de formation à ce sujet sont régulièrement dispensées par les techniciens. Autre mesure : la mise en place d’un système de gestion des activités agricoles qui permettrait de recueillir des informations et de favoriser l’interaction entre planteurs et techniciens.
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