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Maître à la maison, l’éducation qui illumine le Honduras

19 juin 2015, 15:01

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Maître à la maison, l’éducation qui illumine le Honduras
Plus de 50 000 honduriennes, des mères célibataires pour la plupart, poursuivent leurs études dans l'enseignement primaire et secondaire à l’aide d’un programme radio qui combine le contenu de manuels avec des cours de soutien.
 

Tegucigalpa. Kathia Varela règle doucement le bouton de son vieux stéréo pour écouter les cours de 17h00 sur la station de radio catholique La Voz de Suyapa (La Voix de Suyapa) accompagnée de son livre d’espagnol sur une petite table.

 

Enfin retentit sur les ondes le début de l’émission: El Instituto Hondureño de Educación por Radio (IHER, Institut Hondurien de l'Éducation par la Radio) qui présente son programme El Maestro en Casa (Maître à la maison). La leçon peut alors commencer pour la jeune femme de 18 ans. Kathia a environ 50 mille camarades qui se sont également inscrits à ce cours.

 

Cette initiative redonne de l’espoir, car le système éducatif n’offre pas d’autres alternatives pour se réintégrer dans le système scolaire classique. «Le Maestro en Casa» est un programme qui combine un manuel avec des cours, des explications via la radio et des heures de soutien pour former les étudiants. Il a été instauré par le IHER en 1989.

 

Bien que ce programme existe déjà au Costa Rica et au Guatemala, c’est bien au Honduras qu’on y constate les meilleurs résultats, selon la fondatrice et directrice actuel, Sœur Marta Soto.

 

Depuis sa mise en place, plus d'un demi-million de citoyens ont pu apprendre à lire selon les dossiers du IHER.

 

«Une fois qu’on a l’opportunité d’apprendre, le changement et l’espoir naissent, car seul un peuple éduqué peut être un peuple libre», dit Sœur Marta.

 

«Bienvenue ! En particulier aux élèves de cinquième», peut­on entendre dans l’émission que Kathia écoute attentivement. Elle habite une modeste maison en brique et en tôle, dans un petit village à 25 minutes de la capitale.

 

Crayon et papier à la main, l'étudiante suit attentivement son cours, mais garde un œil sur ses petites filles, Ana et Ericka Varela, qui ont respectivement trois ans et un an. Les petites rigolent et montrent leurs joues tachées de sauce spaghetti, la nourriture que leur mère ramène à la maison grâce à son petit salaire.

 

«C’est difficile parce que je travaille du lundi au vendredi, je suis femme de ménage», dit la jeune fille. C’est un cas fréquent pour l’IHER : la majorité des étudiants ont un travail à côté, ils ont de 14 à 60 ans, et 70% d’entre eux sont des femmes.

 

«Nous sommes heureux de partager ce savoir que vous allez acquérir grâce au livre que vous avez reçu lors de l'inscription», dit avec une voix aiguë l’autre intervenante, après une minute de programme. Le livre est ainsi le premier pilier du système. L'Institut Radio met en place une chaîne pour fabriquer et vendre les textes aux étudiants, dit Sœur Marta. Les œuvres éducatives sont divisées en cycles hebdomadaires. Les sujets en revanche ne sont pas étudiés toute l'année, mais sont divisés en semestres.

 

«Vous avez probablement déjà tout le nécessaire en main pour éviter d'aller chercher quelque chose pendant le programme», c’est la minute 01:20 de la transmission. Comme deuxième pilier, la directrice rappelle que les émissions de radio, qui durent une heure par jour, servent de renfort. Elles sont diffusées dans différentes stations dans tout le pays et à des heures différentes pour chaque cours et chaque sujet.

 

Minute 1:30 «Aujourd'hui, nous serons avec vous, Iris Gamero et José Flores». Iris et José font partie des 46 employés de l’IHER. L’Institution est présente dans les 18 départements du Honduras et rassemble plus de deux mille volontaires qui sont des tuteurs.

 

C’est là que les heures de soutien, troisième pilier, sont très utiles. Ces cours sont donnés une fois par semaine, avec un taux de participation particulièrement élevé les samedis et dimanches, car c’est la seule occasion de rencontrer les étudiants comme Kathia et 75 pour cent des élèves qui travaillent la semaine.

 

L’IHER propose les programmes de l’école primaire, l’école secondaire et cinq orientations pour le baccalauréat, pour un paiement mensuel modique de 100 lempiras. L’institut permet de diplômer 7000 étudiants par an.

 

Le travail solidaire a germé dans un sol déjà fertile, puisque le nombre d’inscrits au programme est passé de 300 en 1989 à plus de 50 000 aujourd’hui. Ainsi, Sœur Marta tient à dire qu’ils ont contribué à réduire l'analphabétisme.

 

Bien qu'il n'y ait aucune étude officielle qui ratifie cette perception, le taux de personnes qui ne peuvent pas lire ou écrire est tombé de 25,4% à 14,5%, de 1990 à 2013, période similaire à la durée de fonctionnement de l’institut, selon les statistiques du Gouvernement.

 

«C’est une opportunité unique ! Même si je dois beaucoup travailler et aller une fois par semaine aux cours, c’est une bonne alternative», déclare Kathia, qui est décidée à finir ses études.

 

«Nous vous retrouvons à la prochaine émission !»,entend­on pour clôturer le programme. C’est la minute 59:30. La leçon est finie. Fin de la transmission.

 

Eduardo Domínguez, El Heraldo, Honduras

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