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Le Tartuffe de Molière se met au tamoul

20 avril 2015, 11:08

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Le Tartuffe de Molière se met au tamoul

Imaginez des gens qui n’ont jamais entendu parler de Molière. Ou, mieux encore, de son Tartuffe. Sangahramanie Manikkam, doctorante et chargée de cours en tamoul à l’Institut Mahatma Gandhi, s’est chargée de combler le fossé qui sépare ceux qui connaissent ce dramaturge français et ceux qui l’ignorent complètement. Et ce, en publiant Politthondar, une adaptation de Tartuffe ou l’Imposteur.

 

«Ce n’est pas une traduction, mais une transcréation», précise d’embléel’auteure. Un procédé où l’on emprunteun concept dans une languedonnée pour le recréer dans uneautre langue. En d’autres termes, une adaptation libre puisque «l’accent est davantage mis sur l’action,contrairement à la traduction, qui donne plus d’importance au texte».

 

Tartuffe devenu Politthondar

 

Une transposition dans la culture tamoule qui transporte Tartuffe, devenu Politthondar, au 13e siècle. Orgon, le père de famille qui accueille Tartuffe chez lui, est Ori. Elmire, son épouse, est Ilamai. Dorine, la servante qui comprend les manigances de Tartuffe, devient Daranie. Cléante, le beau-frère d’Orgon qui essaie de raisonner Tartuffe, est rebaptisé Klidasah. La pieuse Madame Pernel, mère d’Orgon, quant à elle, se transforme en Pournami Ammayar.

 

«Le thème est universel», ajoute Sangahramanie Manikkam. «C’est celui du loup que l’on introduit dans la bergerie. C’est un thème que l’on retrouve par exemple dans le Ramayana quand Rawan se déguise pour venir chercher Sita, ou encore dans The Pardoner’s Tale de Chaucer.»

 

Une transcréation pour la diaspora

 

Si à Maurice, la langue française et les oeuvres de Molière «sont connues, ce n’est pas le cas pour la majorité des locuteurs tamouls. Cette transcréation, je l’ai faite, non pas pour les Mauriciens, mais pour les locuteurs tamouls et pour la diaspora», dit clairement l’auteure. Avant d’ajouter que même si «les costumes changent», elle a repris la même intrigue que celle composée par Molière.

 

Si dans le texte original, il est fait mention d’un roi, dans sa version, elle ne le nomme pas. De plus, lorsqu’il est question de La Fronde (NdlR : soulèvement en France au 17e siècle), «je dis seulement que c’est la guerre». Par ailleurs, une des particularités de cette transcréation, c’est que la version tamoule est en vers rythmiques, et non en prose. «Cependant, j’ai tout fait pour maintenir le rythme de la pièce.»

 

Politthondar sera lancé chez nous le samedi 25 avril, à l’initiative de l’International Tamil Diaspora Association. Toutefois, ce sera, précise l’auteure, le second lancement. La première a eu lieu en août 2014 par  le vice-chancelier de l’université de Madras. Depuis, « j’ai eu beaucoup de commentaires positifs », affirme la chargée de cours. «Même si le thème était déjà connu, des professeurs ont trouvé que l’histoire, elle, était nouvelle. Ils ont ri et m’ont dit avoir apprécié la façon dont la trame a été construite.» La prochaine étape : faire vivre cette pièce sur scène.

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