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Birdman: la surprenante beauté de l’insolence
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Birdman: la surprenante beauté de l’insolence

RÉSUMÉ
À l’époque où il incarnait un célèbre superhéros, Riggan Thomson était mondialement connu. Mais de cette célébrité il ne reste plus grand-chose, et il tente aujourd’hui de monter une pièce de théâtre à Broadway dans l’espoir de renouer avec sa gloire perdue. Durant les quelques jours qui précèdent la première, il va devoir tout affronter : sa famille et ses proches, son passé, ses rêves et son ego. S’il s’en sort, le rideau a une chance de s’ouvrir...
LA NOTE : 9/10
Préparez-vous pour du grand spectacle. Alejandro González Iñárritu, à qui l’on doit déjà « Babel » et « 21 Grammes », signe ici une farce satirique qui ne laisse personne indemne et donne à Michael Keaton le plus beau rôle de sa carrière. Le moins que l’on puisse dire, c’est ce que ce film mérite tous ses oscars, et même plus.
Parlons d’abords du casting. Comme avec « Babel » et « 21 Grammes », Iñárritu s’entoure ici d’une foule d’excellents acteurs qui donnent tous énormément de personnalité à leurs personnages. On a rarement vu Zach Galifianakis aussi juste et il est étonnamment crédible en avocat/manager stressé et opportuniste. Emma Stone est excellente en ex-junkie blasée, un personnage de femme-enfant désabusé qui est accentué par ses yeux anormalement larges. Naomi Watts est, elle, égale à elle-même, toujours aussi précise dans son exécution. Si tant que l’on regrette de ne pas la voir plus souvent à l’écran.
Quoi qu’il en soit, les deux personnages les plus intéressants sont indéniablement ceux incarnés par Micheal Keaton et Edward Norton. Ce dernier est génial en comédien tellement à fond dans son art qu’il en devient totalement invivable ; égoïste et méchant, il ne recule devant aucune bassesse pour faire de la vie de ses collègues un enfer. Face à lui, Michael Keaton est magistral en star de Hollywood essayant tant bien que mal de mettre fin à sa traversée du désert. Au bord de la folie, complexé et égocentrique, Keaton est parfait dans ce rôle qui sonne particulièrement vrai ; pitoyable et triste, il arrive néanmoins à habiter chacune de ses scènes avec un charisme déconcertant. Bref, un vrai tour de force.
Côté réalisation, Iñárritu se lance dans un (faux) plan séquence qui dure du début à la fin du film et donne l’impression au spectateur que toutes les scènes du film sont liées. Le résultat est bluffant et ce qui aurait pu être un simple effet de style donne énormément de personnalité au film, une sorte de docu-fiction dans l’intimité d’un comeback. Les prises de vues sont elles aussi magnifiques, donnant vie à la salle de spectacle (et surtout la loge) dans laquelle se déroule la majorité du film. Les effets spéciaux sont peu nombreux mais déconcertants de réalisme (sauf peut-être quand un certain personnage joue à Superman).
L’autre point fort du film, c’est son scénario (et surtout ses dialogues). Si l’histoire est à la base toute simple, elle donne à Iñárritu (qui signe le script avec Nicolás Giacobone, Alexander Dinelaris et Armando Bo) l’opportunité d’égratigner tout ce qui lui tombe sous la main : Hollywood, Broadway, les acteurs de cinéma et ceux du théâtre, les films à gros budget, les productions à petit budget, les critiques, les spectateurs, les metteurs en scène, les auteurs, les avocats, les vieux, les jeunes ; bref, personne n’y échappe. Il le fait avec une telle insolence et une telle euphorie qu’il est souvent impossible de ne pas se laisser gagner par son enthousiasme. Au final, ce Birdman est une merveille qui ravira tous les fans de cinéma. À voir à tout prix.
FICHE TECHNIQUE
Titre original : Birdman (or The
Unexpected Virtue of Ignorance)
Genre : comédie dramatique
Durée : 1 h 59
De : Alejandro González Iñárritu
Avec : Michael Keaton, Edward Norton, Naomi Watts, Emma Stone
Salles : Star Caudan, La Croisette, Bagatelle
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