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Marche à Moscou en mémoire de l'opposant Boris Nemtsov assassiné

1 mars 2015, 15:17

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Marche à Moscou en mémoire de l'opposant Boris Nemtsov assassiné
Brandissant des pancartes "Je n'ai pas peur", des milliers de Russes ont défilé dimanche à Moscou en mémoire de Boris Nemtsov, adversaire virulent de Vladimir Poutine, dont l'assassinat a ravivé les inquiétudes concernant le sort de ceux qui critiquent le pouvoir.
 
Venus pour certains en famille, les manifestants ont entamé en début d'après-midi une lente marche dans les rues de la capitale russe.
 
"Si nous pouvons mettre fin à la campagne de haine dirigée contre l'opposition, alors nous aurons une chance de pouvoir changer la Russie. Si nous n'y parvenons pas, nous allons au devant d'un conflit civil de grande ampleur", a déclaré à Reuters Guénnadi Goudkov, un des chefs de file de l'opposition.
 
"Les autorités sont corrompues et ne tolèrent pas de voir émerger une quelconque menace pour leur pouvoir. Boris (Nemtsov) les dérangeait", a-t-il ajouté.
 
Samedi, des milliers de Russes avaient déjà déposé des bouquets de fleurs et allumé des bougies sur le pont de Moscou où Boris Nemtsov, qui dénonçait également de l'implication de Moscou dans le conflit ukrainien, a été assassiné vendredi soir, à quelques mètres à peine du Kremlin.
 
Agé de 55 ans, l'ancien vice-Premier ministre de Boris Eltsine à la fin des années 1990, devenu l'une des figures de la contestation anti-Poutine de l'hiver 2011-2012, a été tué de quatre balles dans le dos alors qu'il marchait à pied sur un pont sur la Moskova.
 
Vladimir Poutine a qualifié ce meurtre de "provocation" et promis de traquer les coupables, les enquêteurs disant suivre plusieurs pistes, dont celle de l'islamisme radical, Boris Nemtsov étant de confession juive, ou celle d'un assassinat politique perpétré par l'opposition elle-même pour ternir l'image du Kremlin.
 
CYNISME DU KREMLIN
 
Certains opposants ont estimé que de telles hypothèses illustraient le cynisme du pouvoir russe, jugeant que ce dernier entretenait le nationalisme, la haine et un sentiment anti-occidental pour que la population soutienne sa politique en Ukraine et ne le tienne pas coupable de la crise économique.
 
Mais signe que la propagande gouvernementale fonctionne, certains Moscovites se montrent convaincus par la thèse du complot.
 
"Ce meurtre ne sert pas les intérêts des autorités. Tout le monde avait oublié depuis longtemps jusqu'à l'existence de cet homme, Nemtsov. C'est clairement une provocation", a déclaré un habitant de la capitale russe qui n'a souhaité donner que son prénom, Denis.
 
Boris Nemtsov, qui devait participer la manifestation de l'opposition ce dimanche à Moscou, est l'opposant le plus en vue assassiné depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, il y a 15 ans.
 
"C'est un coup dur pour la Russie. Si les opinions politiques sont sanctionnées de cette manière alors ce pays n'a plus d'avenir", a dit Sergueï Mitrokhine, un responsable de l'opposition.
 
Avec la marche de dimanche, l'intention de Boris Nemtsov avait été de remobiliser l'opposition à Vladimir Poutine, même si nombre de critiques du président russe, qui tient les rênes du pouvoir depuis 2000, se résignent déjà à sa réélection pour un nouveau mandat de six ans en 2018.
 
Leonid Volkov, l'un des organisateurs de la marche, a souligné que l'objet de la manifestation avait été changé à la suite de l'assassinat de Boris Nemtsov.
 
"La marche (...) que nous avions prévue, avec des drapeaux et des ballons ne convient pas à ce moment tragique, à l'importance de la figure de Nemtsov et à l'ampleur de la ligne rouge que nous avons maintenant franchie", a-t-il dit.
 
Les autorités municipales ont donné leur feu vert à une marche de 50.000 personnes maximum le long de la rivière Moskova.

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