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A most violent year : 1001 nuances de gris

30 janvier 2015, 05:15

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A most violent year : 1001 nuances de gris

Abel Morales, fils d’immigrés, travaille dur pour faire marcher son entreprise, la Standard Oil, spécialisée dans le commerce du mazout pour le chauffage. Plusieurs de ses camions, chacun transportant quelques milliers de dollars de mazout, ont été volés par des bandits armés et l’un de ses chauffeurs, le jeune Julian, a même été passé à tabac et laissé pour mort. Anna, la femme d’Abel, le presse de répondre à la violence par la violence, mais il refuse, préférant rester dans la légalité. Dans le même temps, la Standard Oil fait l’objet d’une enquête. Lawrence, assistant au bureau du procureur, soupçonne des cas de fraude et d’entente illicite, entre autres délits, dans le milieu…

 

LA NOTE : 9/10

 

Après les excellents Margin Call et All is Lost, on cerne de mieux en mieux le style de J.C. Chandor, dont l’étoile monte plutôt rapidement à Hollywood. Et, avec A Most Violent Year, il signe un film cérébral et lent, mais méthodique et intense, dans la lignée des deux précédents mais en poussant le propos encore plus loin, sans doute  aidé par un casting parfait qui habite des personnages tout en nuances de gris, car personne n’est vraiment «gentil» dans ce film. En gros, une vraie merveille.

 

1981 a été l’année la plus violente de toute l’histoire de la ville de New York (jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001). Mais la violence omniprésente dans ce film est mentale plutôt que physique ; les joutes sont verbales, mais n’en sont pas moins impressionnantes  d’intensité. Et cela est surtout dû au trio d’acteurs qui mène ce film. Parlons d’abord d’Albert Brooks. Acteur caméléon qui n’en est certainement pas à son premier drame-thriller (il était au générique de Drive il y a quelques années), il  joue ici un personnage totalement effacé, discret, à contretemps des deux acteurs principaux, mais parfaitement complémentaire dans leur jeu. Ensuite il y a, Jessica Chastain, l’actrice  principale du film. Sous un extérieur froid et distant (mais souvent parée de couleurs vives), elle cache un tempérament de feu. C’est sans doute le  personnage le plus violent du film car elle laisse plusieurs fois craquer le vernis sous lequel elle cache sa vraie nature, et est prête à tout pour sauvegarder ce qui lui est cher.

 

Mais le vrai point d’ancrage du film, c’est Oscar Isaac, qui joue le rôle principal. Son Abel Morales est un caméléon aux multiples facettes, tantôt charmeur et amical, tantôt dur et sans pitié. Charismatique, il arbore, comme sa partenaire, un air extérieur détaché et calme. Mais, aussi inexorablement que l’on fait bouillir une marmite d’eau chaude, le réalisateur fait monter la pression en lui, et l’explosion, si prévisible, n’en est pas moins impressionnante. Tout au long du film, le personnage vacille, obsédé par l’envie de bien faire, mais refusant de laisser libre cours à la violence qui l’habite. Et le talent d’Isaac, c’est de faire vivre ce tiraillement interne au spectateur seconde par seconde. Un vrai tour de force.

 

Côté réalisation, Chandor adopte un style contemplatif, filmant de profil ou en plan serré les conversations entre ses acteurs afin de ralentir le rythme de son film et de donner aux spectateurs le loisir de vivre le combat interne auquel se livrent ses personnages. Grâce à ce parti pris, les quelques séquences plus «violentes» du film sont particulièrement marquantes, telles que la course-poursuite qui conclut le deuxième acte. Au final, tout cela contribue à faire de A Most Violent Year un des plus beaux films de ce début d’année. À voir absolument.

 

FICHE TECHNIQUE

Genre : Drame, thriller, policier

Durée : 2 h 05

De : J.C. Chandor

Avec : Oscar Isaac, Jessica Chastaing, Elyes Gabel, David Oyelowo, Albert Brooks, Jerry Adler

Salles : Star Caudan, La Croisette, Bagatelle

 

 

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