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Distribution de méthadone: les ONG veulent davantage de concertation

7 janvier 2015, 09:40

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Distribution de méthadone: les ONG veulent davantage de concertation

L’annonce a été faite hier, mardi 6 janvier, par le ministre de la Santé : les centres de distribution de méthadone seront décentralisés. Et si des ONG concernées par le programme de réduction de risques d’infections au VIH/SIDA, qui comprend, entre autres, la distribution de méthadone, estiment que la décentralisation était nécessaire, elles auraient souhaité une approche plus globale et une concertation.

 

Ainsi, Imran Dhunnoo, directeur du centre Idrice Goomany, accueille favorablement cette décentralisation en raison de «la saturation des points de distribution», il déclare que la distribution de méthadone ne constitue qu’une partie du programme de réduction de risques. Comme la toxicomanie est un problème de santé publique, il estime qu’à l’avenir, les centres de santé, les Area Health Centres et autres Mediclinics devraient devenir des centres de distribution de méthadone comme c’est le cas en Grande-Bretagne.

 

«Les fauteurs de troubles ne sont qu’une poignée.»

 

Tout en saluant l’initiative allant dans le sens d’un désengorgement des points de distribution, Nicholas Ritter, directeur de Prévention, Information et Lutte contre le Sida, fait ressortir que celle-ci porte ses fruits car la plupart des bénéficiaires ont réussi leur réintégration sociale. «Les fauteurs de troubles ne sont qu’une poignée. Ce qu’il faut se demander, c’est pourquoi ils ont ce comportement ? N’y a-t-il pas un problème d’accompagnement et de retour à l’emploi dans leur cas ? C’est là que se pose la problématique du certificat de caractère», dit-il en précisant que toute personne condamnée pour un lien avec les drogues illicites n’a pas droit à ce certificat et cette interdiction est à vie. «Comment trouver un emploi, même lorsqu’on veut se réhabiliter, quand on n’a pas droit à un certificat de caractère? En décentralisant simplement la distribution de méthadone, on ne tient pas compte de cela. C’est comme balayer de la poussière et l’envoyer sous le tapis

 

Nicholas Ritter trouve cette décision «précipitée» et faite sans concertation avec les ONG impliquées dans le programme de réduction de risques. «Distribuer de la méthadone dans la cour des postes de police, c’est en quelque sorte alimenter une certaine diabolisation des dépendants alors que notre approche à leur égard est celle de considérer l’addiction comme une maladie. Il faut que les Mauriciens comprennent que ce programme de réduction de risques fonctionne dans son ensemble. Il doit certes être amélioré et pour cela, le ministère doit s’asseoir avec tous les partenaires pour discuter dans un esprit de dialogue et de concertation.»

 

Pas plus de 100 bénéficiaires simultanément

 

Jusqu’ici, les bénéficiaires de méthadone, estimés à 6600, recevaient ce produit de substitution dans 18 centres de distribution répartis à travers l’île, la plupart entre 6 heures et 9 heures et le reste entre 6 heures et midi. Ces centres desservaient jusqu’à 300 bénéficiaires en même temps. Si Anil Gayan, ministre de la Santé, a pris la décision de décentraliser cette distribution, c’est en raison d’incidents impliquant quelques bénéficiaires et de plaintes du public par rapport à leur comportement antisocial.

 

La décentralisation dans la distribution commencera par la ville de Beau-Bassin. Au lieu de l’hôpital Brown Séquard, dorénavant, ce sera dans la cour des postes de police de Beau-Bassin, Chebel, Stanley, Camp-Levieux, Barkly et Bambous et ce entre 6 heures et 7 heures  dans certains cas et entre 6 heures et 8 heures dans d’autres, que le personnel de la Santé en caravane mobile assurera cette distribution. Le nombre de bénéficiaires ne dépassera pas les 100 simultanément.

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