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A l'affiche: Dracula Untold

Dracula Untold, c'est littéralement ce qui n’a jamais été dit ou raconté sur le Comte. Dracula 2014 est donc placé sous le signe du biopic, avec éléments historiques pertinents ou fictifs, pour redonner du sens à la réapparition du maître des ténèbres, inspiré d’un personnage réel, Vlad III l’Empaleur. Note: 6/10
L’histoire débute en 1462. La Transylvanie vit une période de calme relatif sous le règne du prince Vlad III de Valachie et de son épouse bien-aimée Mirena. Ensemble, ils ont négocié la paix et la protection de leur peuple avec le puissant Empire ottoman dont la domination ne cesse de s’étendre en Europe de l’Est. Mais quand le sultan Mehmet II demande que 1 000 jeunes hommes de Valachie, dont le propre fils de Vlad, Ingeras, soient arrachés à leur famille pour venir grossir les rangs de l’armée turque, le prince doit faire un choix: abandonner son fils au sultan, comme son père l’a fait avant lui, ou faire appel à une créature obscure pour combattre les Turcs et, par là même, assujettir son âme à la servitude éternelle.
Vlad se rend au pic de la Dent Brisée où il rencontre un abject démon et conclut un accord faustien avec lui: il acquerra la force de 100 hommes, la rapidité d’une étoile filante et les pouvoirs nécessaires pour anéantir ses ennemis, en échange de quoi, il sera accablé d’une insatiable soif de sang humain. S’il parvient à y résister pendant trois jours, Vlad redeviendra lui-même et sera à même de continuer à protéger et gouverner son peuple, mais s’il cède à la tentation, il fera partie du monde des ténèbres pour le restant de ses jours, condamné à se nourrir de sang humain et à perdre et détruire tout ceux qui lui sont chers.
Élevé au rang d’icône du cinéma d’épouvante depuis des décennies, le personnage de Dracula n’a eu de cesse de fasciner. Pourtant, il est devenu de plus en plus rare en salle, se faisant voler la vedette par les zombies pendant plus de dix ans ! Sa dernière apparition remonte au film d’animation Hotel Transylvania, alors qu’un sinistre Dracula 2001 reste encore douloureusement dans notre souvenir. Sans oublier Van Helsing qu’Universal Pictures, studio historiquement attaché au cinéma de monstre, a produit en 2004, où vampires et loups-garous se partageaient la vedette. Universal ne pouvait que s’intéresser à nouveau à cette créature mythique inspirée d’un personnage réel, Vlad III l’Empaleur, dotant le nouveau projet d’un budget de USD 100 millions, le plus gros jamais alloué au Comte.
Qu’a donc à nous offrir aujourd’hui cette nouvelle transposition cinématographique ? Le ton est donné avec le titre audacieux, Dracula Untold, littéralement ce qui n’a jamais été dit ou raconté sur le Comte. Comme si des zones d’ombres subsistaient au cinéma quant au portrait du sanguinaire prince. Dracula 2014 est donc placé sous le signe du biopic, avec éléments historiques pertinents ou fictifs, pour redonner du sens à la réapparition du maître des ténèbres.
Toutefois, le constat est ici amer, la nouveauté n’est pas au rendez-vous. Le film avance sans livrer les éléments narratifs nouveaux tant attendus pour justifier l’appellation d’Untold. Où sont les mystères qui entourent notre héros ? Transformation en créatures, déjà vu. Allergie à l’argent, déjà vu. Peur du soleil, du crucifix, du pieu… tout est déjà dit. Alors l’énigme résidait probablement dans la trame historique. Sur ce point, le contentement est moyen, en raison de développements étriqués, imposés par une durée de 92 minutes contradictoires avec la tendance hollywoodienne actuelle consistant à favoriser les scènes psychologisantes bavardes dans les blockbusters.
Toutefois, loin d’être une vile entreprise commerciale, le projet ambitieux excelle dans le divertissement généreux. Il est doté d’une réalisation très soignée qui s’exprime grâce à un budget faste. Pour son premier film, Gary Shore, connu à ce jour pour un court-métrage remarquable, fait preuve d’une maîtrise impressionnante et donne vie à des idées visuelles bienvenues qui parent la projection de bien des plaisirs. Plans subjectifs, vues panoramiques, caméras fluides qui s’emparent de l’écran, à ras le sol ou dans les airs, virevoltant tels les précieux chiroptères de Vlad… La réalisation est jouissive. La direction d’acteurs ne souffre que peu du déploiement massif d’effets spéciaux : les comédiens (Sarah Gadon, Dominic Cooper, notamment), donnent le change à un Luke Evans crédible dans une posture assez naturelle du rôle qui lui est offert. Celui-ci impose sa présence virile et marque de son empreinte ténébreuse le rôle du comte.
Dans un divertissement contemporain, il est amusant de noter que Dracula, loin de la version de Coppola de 1992, est traité ici comme un super-héros Marvel avec des transformations, une force surhumaine et une commande à distance d’une nuée de chauve-souris qui l’inscrivent bien dans l’air de notre temps. Après tout pourquoi pas ? Il faut savoir que le personnage apparaît déjà dans la série animée Marvel’s Avengers Assemble (2013). Alors, coïncidence ou lancement d’une nouvelle franchise ? Les résultats du box-office sur la période d’Halloween confirmeront ou non pareille hypothèse. Comme avec Captain America et sa résurrection au 21e siècle, la renaissance du fils du diable (autoproclamé) pourrait suivre les traces d’un Blade (1998) ou d’un Underworld (2003).
Fiche technique
Genre : horreur, action
Durée : 1 h 35
De : Gary Shore
Avec : Luke Evans, Sarah Gadon, Dominic Cooper
Salles : Sirsa, CineKlassic, MCine, Cine Metropolitan
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