Publicité
Hercule : Un super-héros antique un brin simplet
Par
Partager cet article
Hercule : Un super-héros antique un brin simplet

Une fois de plus, en 2014, Hollywood s’est demandé si Hercule était un homme ou un dieu. La conclusion ? Le rejeton de Zeus est bel et bien une légende. Pythagore en personne ne saurait être plus logique. Rien de nouveau en Grèce antique, donc. Il faut dire que les deux péplums de série B (Hercule, de Brett Ratner, et La Légende de Hercule, de Renny Harlin), auxquels on peut généreusement associer Pompéï de Paul W.S. Anderson, sorti en début d’année, sont le fruit du travail de cinéastes un peu écervelés quand ils se retrouvent derrière une caméra.
Harlin, Ratner et Anderson sont tous trois incapables d’insuffler de la psychologie ou de la noirceur à des oeuvres inlassablement récréatives et marquées par des enfumages visuels pour distraire les spectateurs et les détourner d’une sinistre réalité qualitative. Au lieu d’envisager des spectacles entiers, les gais lurons du cinéma américain se contentent de la facilité du popcorn movie pour les générations mobiles et oublient la grande lignée d’où descendent indirectement ces pitreries bovines : Conan le Barbare, premier du nom. Une oeuvre quasi muette de John Milius, qui triomphait en 1982 en mélangeant barbarie, ésotérisme, action et une très grande dose de contemplation. L’essai à la réalisation du scénariste d’Apocalypse Now était un coup de maître.
La version de Brett Ratner (producteur de Jersey Boys de Clint Eastwood et de PrisonBreak) se casse les dents sur un mur d’indigence visuelle. Peu aidé par le montage, le réalisateur se contente de livrer ni plus ni moins qu’un long épisode de série télé, avec quelques billets verts en plus pour donner de l’envergure, mais la liberté artistique en moins.
On sent la tentation de libérer un sein, en début de film, ou de faire jaillir des jets de sang, ici et là, lors de combats vigoureux. Mais l’effeuillage et le gore sont des arts de la télé, sublimés par la série Spartacus, qui ici laissent place à une insipidité certaine, puisque l’image est télévisuelle mais avec une autocensure dont le petit écran a su faire fi depuis bien longtemps.
Faute d’audace, le Hercule de Ratner ose l’action débridée avec beaucoup d’effets spéciaux. Il passe très vite surles «travaux» du divin héros, pour présenter les nombreux combats plus humains d’un homme au libre arbitre intact. Peu d’éléments fantastiques donc, les interventions divines sont rares. L’essentiel réside dans le combat pour la liberté de Thrace, en s’inspirant moins de la mythologieque d’une BD (Hercule : les guerres thraces, de Steven Moore). Hercule combat en tant que mercenaire avec ses acolytes, mais n’en oublie pas d’oeuvrer pour le bien. Les scènes d’action sont bien menées et provoquent un certain enthousiasme. On ne le niera pas, cela peut assurer d’ailleurs l’adhésion du public.
Grâce au charisme naturel de Dwayne Johnson, le divertissement passe mieux que chez Renny Harlin. Après une présentation un peu rébarbative de l’intrigue, on finirait presque par se laisser prendre au jeu de ce produit dilué, où le barbare divin parle avec un accent américain au milieu de l’éloquence british des rois, reines et vieux sages. Rien de neuf non plus du côtés du royaume hollywoodien, faiseur de héros et de dieux.
Bref, le nouvel Hercule a au moins le mérite de ne pas avoir fait de son super-héros antique une mauviette.
Publicité
Publicité
Les plus récents




