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Avastin: une sixième victime se manifeste

27 juillet 2014, 05:45

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Avastin: une sixième victime se manifeste
Il se dit victime d’une double négligence médicale. Car alors que Vijay Harrah, 41 ans, saignait de l’œil droit, l’hôpital de Moka lui aurait administré de l’Avastin dans l’œil…  gauche. Il aurait perdu la vue de ce côté à la suite de l’injection. Cet habitant de Petit-Raffray a porté plainte au ministère de la Santé.  
 
Vijay Harrah est la sixième personne à se dire victime de l’Avastin. Souffrant du diabète, il raconte que peu à peu, sa vue a commencé à se détériorer. Et l’an dernier, alors qu’il saignait de l’œil droit, il s’est rendu à l’hôpital SSRN pour y recevoir des soins. Mais, le personnel médical lui a dit de se rendre à l’hôpital de Moka.  
 
Le 18 juin, il apprend qu’il doit faire trois injections dans l’œil droit. A son arrivée à l’hôpital, l’infirmière lui aurait administré des gouttes dans l’œil droit. Or, à sa surprise, le médecin lui aurait ensuite fait une injection d’Avastin, mais dans l’autre oeil. «Mo ti pense cumsa mem fer sa», confie-t-il.  
 
Vijay Harrah décide cependant de se rendre à la pharmacie pour s’enquérir de la situation. Toutefois, il aurait été rabroué par le pharmacien qui lui aurait dit qu’il devrait parler au médecin.   
 
IL N’A PLUS GOÛT À LA VIE 
 
 Une semaine après son rendez-vous, il ne voit plus de l’œil gauche et a des troubles de la vision dans l’œil droit. L’hôpital de Moka lui donne alors un autre rendez-vous, cette fois pour une opération au laser dans l’œil gauche. «Monn gayn enn move traitemen lopital. Mon fer komplint minister», lance-t-il.  Depuis la perte de son œil, ce célibataire et ancien employé de casino n’a plus goût à la vie. Il est devenu dépendant de son frère avec qui il vit. Il n’arrive même plus à travailler. Vijay Harrah redoute ses prochaines visites à l’hôpital de Moka et les deux autres injections qu’il doit faire. «Mo per tensyon mo pa gayn soin aster. Zot guet de lizier», affirme-t-il. Son prochain rendez-vous pour le laser dans l’œil droit cette fois est prévu pour le 22 août.  Selon nos recoupements, les autorités sont au courant de ce cas et indiquent qu’effectivement, le patient a porté plainte le 23 juillet. Une enquête est actuellement en cours.  
 
Un autre patient affirme avoir lui aussi reçu une injection d’Avastin à l’œil droit à la suite de laquelle il a perdu l’usage de cet œil. Il s’est rendu en Inde où le diagnostic a été le même. Cependant, il a reçu une autre injection d’Avastin, une année plus tard, à l’œil gauche. Il s’était pour cela rendu dans une clinique privée dans le Nord et tout s’est très bien passé.  
 
Comité d’enquête 
 
Par ailleurs, Krishna Appadoo, Sylvestre Antonio, Ranjit Jowohir et Ravinduth Kasee, qui ont perdu l’usage d’un oeil à la suite d’une injection d’Avastin  le 22 mai dernier, sont appelés à déposer le lundi 28 juillet devant le comité d’enquête présidé par le Dr Jean José Isabelle, ophtalmologue exerçant dans le privé. Cette instance est chargée de faire la lumière sur les circonstances ayant mené à ce drame. 
 
 
Quatre patients de l’hôpital des yeux à Moka ont eu des complications après une injection d’Avastin
 
 
«Une fois encore nous allons devoir nous débrouiller seuls et trouver nous-mêmes un transport pour déposer devant ce comité alors que mardi, au Parlement, le ministre Lormus Bundhoo a déclaré que le ministère de la Santé nous accorderait son soutien», fait valoir Ranjit Jowohir. Ce dernier attend toujours d’être remboursé par l’État, comme l’a annoncé Lormus Bundhoo au sein de l’hémicycle. 
 
Le déplacement à Chennai a coûté Rs 125 000 
 
N’étant pas éligible au soutien financier du gouvernement, Ranjit Jowohir, dont le revenu mensuel dépasse les Rs 50 000, a dû encourir lui-même les frais de son déplacement à Chennai en vue d’examens plus poussés et un traitement, après ce fatidique 22 mai. Il a dépensé Rs 125 000 pour un séjour de 14 jours pour deux personnes à la clinique Sankara Nithralaya. Toutefois, sa démarche serait, selon lui, «en bonne voie».
 
 
En attendant le rapport du comité d’enquête prévu fin août, le ministère de la Santé a aussi demandé qu’une expertise de Genève soit faite le plus tôt possible. Sauf que l’équipe du professeur Cyrus Tabatabay, celui qui avait recommandé l’utilisation de l’Avastin à la Santé en 2008, ne pourra se déplacer qu’en octobre. Cela «en raison des engagements professionnels et familiaux à Genève»,explique Alain Fong, originaire de Quatre-Bornes et installé en Suisse depuis 35 ans. Ce dernier a participé à la mise en place de la collaboration médicale Maurice-Suisse, il y a une dizaine d’années. «Les échanges avec Maurice sont faits bénévolement», soutient-il.  
 
Trois des quatre consultants de la délégation dirigée par Cyrus Tabatabay feront un audit complet pour le ministère dont le pharmacologue Robert Gurny qui sera chargé d’examiner toute la chaîne de l’Avastin, de l’achat à l’injection. Quant au quatrième consultant, il poursuivra les échanges entre les deux pays, notamment en procédant à des interventions chirurgicales et à des formations.   

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