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Le «source fund» dans la ligne de mire
Après le scandale Deal, une nouvelle enquête incontournable pour la FCC ?
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Le «source fund» dans la ligne de mire
Après le scandale Deal, une nouvelle enquête incontournable pour la FCC ?

■ Lilram Deal à la FCC, hier. ©Dev Ramkhelawon
Alors que le pays est encore secoué par le scandale du Reward Money ayant mené à l’arrestation de l’assistant commissaire de police (ACP), Lilram Deal, une autre caisse spéciale liée aux opérations policières suscite désormais l’intérêt : le Source Fund. Longtemps resté dans l’ombre, ce fonds pourrait bien représenter la prochaine étape clé dans l’enquête de la Financial Crimes Commission (FCC) sur la gestion controversée de l’argent public au sein des forces de l’ordre.
Il faut bien comprendre que l’argent du Source Fund n’est pas destiné à rémunérer les informateurs, mais à financer la collecte d’informations, les opérations de surveillance et les moyens logistiques discrets. Le Source Fund est une somme mensuelle de Rs 500 000 allouée par le Bureau du Premier ministre, historiquement destinée à soutenir les opérations sur le terrain de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU). Ce budget permet notamment la location de véhicules banalisés, l’achat de cartes SIM, les frais pour contacter les informateurs ou encore la couverture logistique de missions sensibles dans la lutte contre les drogues. Non seulement l’ADSU reçoit cet argent, mais aussi la Counter Terrorism Unit, le National Security Service ainsi que la Mauritius Revenue Authority.
Pendant des années, ce fonds a été directement géré par le Deputy Commissioner of Police Bhojoo, ex-patron de l’ADSU. Mais depuis sa mutation en février 2023, la gestion du Source Fund avait été transférée au bureau de l’ex-commissaire de police, Anil Kumar Dip. C’est à ce moment que la donne a changé.
L’ADSU privée de fonds depuis plus d’un an
Selon des informations révélées depuis 2023, l’ADSU ne perçoit plus aucun montant du Source Fund. L’argent auraitil été redirigé vers d’autres unités de police telles que la Divisional Crime Intelligence Unit, la Special Striking Team ou encore la Special Support Unit) ? La suppression de ce Source Fund a créé un profond malaise au sein de l’ADSU, ses officiers ayant dénoncé un traitement inéquitable et une marginalisation de leurs opérations.
Le scandale autour de l’ACP Lilram Deal a mis en lumière la fragilité du système de contrôle sur les fonds spéciaux. L’officier supérieur est accusé d’avoir détourné Rs 4,5 millions de Reward Money, initialement destinés à rémunérer des informateurs. Ces fonds auraient été versés sur son compte personnel, sans qu’aucun informateur réel ne soit identifié à ce jour. Cette affaire a déclenché une vaste enquête de la FCC, qui explore désormais d’autres ramifications au sein de la hiérarchie policière. Mais si l’ACP Deal a pu s’approprier de telles sommes sans éveiller de soupçons pendant plusieurs années, qu’en est-il du Source Fund ? Sa suspension soudaine, sa mutation vers d’autres unités, l’absence d’explication publique : tout laisse penser qu’un contrôle externe s’impose.
Si aucune enquête officielle n’a encore été annoncée sur le Source Fund, une des raisons d’enquêter dessus en est l’usage opaque car il n’y a aucun détail public sur les nouvelles modalités de répartition du fonds depuis février 2023. Les autres raisons sont : la suspension inexpliquée alors que l’ADSU, pourtant principale unité de lutte anti-drogue, n’en bénéficie plus du tout ; le risque de favoritisme ou de détournement car si les fonds sont redistribués en dehors de tout cadre légal, la question de leur usage réel et de leur destination devient cruciale. Le Source Fund représente un angle mort que les autorités ne peuvent plus ignorer. Pour garantir l’intégrité des opérations policières et restaurer la confiance du public, une enquête indépendante, transparente et approfondie est désormais indispensable.
La carte de la prudence
Jusqu’ici silencieux et visiblement affaibli, Lilram Deal avait adopté une ligne de défense prudente. Toutefois, sa demande de remise en liberté conditionnelle ayant été rejetée le mardi 1er juillet, l’ancien ACP a été entendu par la FCC, hier, dans le cadre de l’enquête portant sur le détournement présumé de fonds publics. Selon nos informations, l’avocat de Lilram Deal, Mᵉ Yash Bhadain, a invoqué l’état de santé de son client, demandant que ce dernier soit libéré pour des raisons humanitaires. Une nouvelle audition a eu lieu dans les locaux de la FCC, hier, en présence de son avocat et d’un panel d’enquêteurs expérimentés. Il sera présenté en cour aujourd’hui pour sa demande de liberté conditionnelle.
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