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Anil Gayan, «Je suis confiant qu’il n’y aura pas de 120-0»

2 mai 2025, 16:00

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Anil Gayan, «Je suis confiant qu’il n’y aura pas de 120-0»

■ Anil Gayan montrant une photo de lui prise en Palestine avec Yasser Arafat, le premier président de l’Autorité palestinienne à sa créationen 1994. © Kiranchand Sookrah.

En 2014, votre parti d’alors faisait partie du gouvernement. Que s’est-il passé pour que vous créiez le parti Vré ML? Est-ce à dire que le Muvman Liberater (ML) est désormais un faux ML ?

Le ML dénaturé est toujours avec le gouvernement. Ivan Collendavelloo est toujours avec le gouvernement. Pourquoi avons-nous dû créer le Vré ML ? Le ML a été fondé en 2014 justement pour arrêter le chemin de la dictature. Et nous avions dit que notre mission était d’informer la population et que si elle n’acceptait pas notre vision, au moins nous avions fait notre devoir. Et effectivement, en 2014, la population a accepté notre vision et nous avions formé le gouvernement.

Après, ce qui s’est passé, c’est que nous avons des principes. Si je travaille avec vous, vous devez être capable de me respecter. Mo bizin ena inpe lamour prop. Mais quand le Premier ministre Jugnauth a révoqué Ivan Collendavelloo comme vice Premier ministre, c’était le moment où le ML a fait ressortir que nous ne pouvions pas rester dans un gouvernement qui a révoqué le leader du parti. Il fallait un peu de dignité. Mais il n’y a eu aucun sursaut de dignité de la part d’Ivan Collendavelloo et lerla nou’nn dir pa vo lapenn res dan enn parti ki napa respekte limem.

Vous devez avoir des principes quand vous faites de la politique. Nous avons essayé de changer le leadership du ML. Kouma ou kapav enn leader enn parti me ou napa prezan? Nous avons essayé, mais, au final, nous avons dû créer le Vré ML car le ML qui existe a dévalué. Et oui, li enn fos ML qui a trahi les valeurs que nous avions. J’étais le président du ML, swadizan zot inn revok mwa, mo mem pa kone kan inn revok mwa. Ils disent que je ne suis plus le président. Je leur ai dit de me convoquer dans un comité et de m’en donner la raison. Mais cela n’a pas été fait.

Vous mettez en avant 11 candidats, principalement centrés sur les arrondissements de Beau-Bassin. Expliquez-nous pourquoi ?

J’avais mis 12 candidats, mais l’un d’eux a dû se retirer pour des raisons familiales. Nous n’avons pas eu le temps de mettre d’autres candidats. Nous avons essayé aussi de discuter avec d’autres partis – sauf l’Alliance du changement – pour voir si nous pouvions travailler ensemble, mais étant donné le peu de temps que nous avions, cela n’a pas pu se faire. Nous avons mis des candidats dans les arrondissements 4, 5 et 6 de Beau-Bassin–Rose-Hill. Je suis moimême candidat au Ward 6 car j’ai été député en 2014 de Beau-Bassin. Mes candidats sont un mélange de personnes d’expérience et de jeunes.

Il y a pas mal de critiques des citadins par rapport à la manière dont Beau-Bassin–Rose-Hill ont été gérées ces dix dernières années. Or, deux des trois maires qui ont été élus durant ce laps de temps faisaient partie du ML…

Il y a quand même inpe travay kinn fer, comme le jardin Balfour, le Plaza, les drains, etc. Mais le gros problème a été que tout est centralisé au ministère du Local Government. Il faut arrêter cette centralisation. Une fois cette décentralisation effectuée, il y aura une amélioration immédiate de la ville. Et si le gouvernement n’effectue pas cette décentralisation, ce sont les citadins qui vont souffrir et ils auront leur correction lors des prochaines élections générales.

Il faut pour cela attendre plus de quatre ans…

Je ne pense pas que ce gouvernement va tenir ce laps de temps. D’ailleurs, le fameux 60-0 ne tient plus, puisque est-il parti. La question est pourquoi Franco Quirin est parti. Pour faire de la place à Joanna Bérenger ? Vous pensez que ses partisans ne savent pas ce qui se passe ? Quirin est là depuis des années, mais c’est la consécration des dynasties qui prévaut.

Revenons-en aux élections municipales. Comment se passe la campagne pour le Vré ML ?

La campagne se passe bien. Nous allons à la rencontre des gens autant que nous le pouvons. Et je suis confiant qu’il n’y aura pas de 120-0 pour les municipalités. Et cela, je peux vous en donner la garantie, car il y a tellement de frustrations, de désillusions de par les agissements du gouvernement. De plus, il y a une certaine frayeur chez les gens, à cause du 60-0. Avant les élections, il y avait l’affaire Moustass Leaks. Les gens avaient peur d’être sur écoute. Le gouvernement a ensuite pris l’engagement de ne plus placer les citoyens sur écoute, mais qu’est devenu l’équipement utilisé pour le phone tapping ? A-t-il été détruit ou désactivé ? Dans l’incertitude, beaucoup redoutent encore que leurs conversations téléphoniques soient interceptées. Par ailleurs, l’arrogance de certains dérange. Je pense que si le mécontentement populaire s’exprime dans les urnes, il pourrait y avoir bien des surprises.

Certains disent qu’il faut donner du temps au nouveau gouvernement ?

Nous avons une période de lune de miel de 100 jours qui est aujourd’hui largement dépassée. Aujourd’hui, nous sommes à plus de 200 jours des élections générales et nombreuses sont les promesses qui n’ont pas été tenues : pas de baisse d’essence ni de diesel. De plus, les nominations qui ont lieu sont scandaleuses. Alors qu’ils avaient promis de prôner la transparence et qu’ils allaient faire appel à des candidatures pour les nominations, nous constatons que ce n’est absolument pas la réalité est tout autre.

La tenue des municipales est cependant une promesse accomplie, comparée à la décennie où ces élections étaient à chaque fois renvoyées…

C’est vrai que l’électorat a la chance d’aller voter après dix ans sans élections municipales. En mettant en place ces élections, l’Alliance du changement se positionne comme les champions de la démocratie, mais quelle est la vérité ? En 2014, Navin Ramgoolam était Premier ministre et Paul Bérenger était le leader de l’opposition. L’Assemblée nationale n’a pas siégé pendant neuf mois. Durant ce temps, ils ont négocié un changement de Constitution afin que l’un devienne président avec tous les pouvoirs associés pour permettre à l’un de devenir président avec des pouvoirs renforcés, et à l’autre de rester Premier ministre pendant cinq ans. Peut-on vraiment appeler ces personnes des champions de la démocratie ? Nous avons oublié que le Parti travailliste avait renvoyé les élections générales, qu’ils avaient aboli les élections partielles et décrété l’état d’urgence dans le pays ! Il est important que les jeunes connaissent l’histoire et sachent à qui ils ont affaire.

Votre cœur bat toujours du côté du Mouvement socialiste militant (MSM)…

De là à dire que je suis du côté de l’ex-gouvernement, je réponds que non. L’ancien gouvernement devait partir. La campagne BLD (Bour li deor) a marché. Le peuple a toujours besoin d’un adversaire et, en 2024, c’était le MSM et ils ont manifesté ce mécontentement à travers le 60-0. Mais aujourd’hui, l’ennemi du peuple, c’est le gouvernement. Pour les promesses non tenues, les nominations et tout ce qui se passe à l’île-aux-Bénitiers. Il y a un désordre extraordinaire dans le pays, un laisser-aller ; avec le nombre d’accidents, les problèmes dans le métro, dans les hôpitaux, dans les écoles. Koumadir tou dimounn panse li kapav fer seki li anvi. Mais un pays sans discipline ne peut fonctionner. Le sentiment qui se dégage, c’est qu’il y a un gouvernement, mais pas de gouvernance.

Vous ne pensez pas que ce souci de bonne gouvernance s’est fait sentir dans tous les gouvernements passés ?

Oui, mais ce gouvernement est venu devant l’électorat avec tout plein de promesses, comme quoi tout allait changer, que la perfection allait prévaloir à Maurice. Tou dimounn so problem pou regle. Pou bes tarif elektrisite, lesans, diezel. Pa ti pou pey internet. On dit qu’il faut leur donner le temps. Pour moi, c’est une fausse excuse. À la tête de ce gouvernement, il y a un Premier ministre qui a déjà été Premier ministre. Donk, pa dir mwa ki zot napa ti kone ki pe arive dan pei. Ils ont fait un State of the Economy, mais ils ne pouvaient pas le faire avant les élections ? Et dire la vérité au peuple ? Le peuple les a crus.

Quel sera l’apport du Vré ML dans tout cela ?

Nous ne dirons pas que les élections municipales vont changer le gouvernement en place, mais elles permettront à l’électorat de faire entendre sa voix. C’est aussi l’occasion de parler au peuple, de lui dire la vérité sur ce qui se passe dans le pays et dans les municipalités. Nous pensons qu’il est nécessaire de donner une autonomie financière aux municipalités. Celles-ci devraient bénéficier d’un fonctionnement similaire à celui de Rodrigues, où chaque projet ne dépend pas systématiquement de l’aval du gouvernement central.

Ce dernier devrait allouer les fonds nécessaires, mais leur gestion devrait relever des municipalités elles-mêmes. Bien entendu, chaque année, les municipalités devront rendre des comptes sur les dépenses effectuées, et les conseillers devront être redevables envers les citadins pour l’utilisation des fonds publics. Par ailleurs, il faudra explorer d’autres moyens pour générer des revenus au niveau municipal. C’est malheureux que ce gouvernement, qui avait dit qu’il allait faire une refonte totale des collectivités locales, n’a rien fait et a mis en place les élections selon l’ancienne loi.

Et si vous n’êtes pas élu, qu’adviendra-t-il du Vré ML ?

Le Vré ML continuera. Par contre, je ne crois pas que le ML existera après cette élection et je pense que les personnes faisant actuellement parti du ML viendront nous rejoindre.

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