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Rapport Afrobarometer 2025

81 % des Mauriciens déclarent ne se sentir proches d’aucun parti politique

10 juillet 2025, 15:00

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81 % des Mauriciens déclarent ne se sentir proches d’aucun parti politique

Le lancement du «Afrobarometer Flagship Report 2025» s’est tenu le 8 juillet dans la salle de conférence de Straconsult à Port-Louis. L’événement s’est déroulé simultanément avec la présentation internationale, orchestrée par le Bureau central d’Afrobarometer au Ghana.

En première partie, Amédée Darga, directeur de Straconsult, a expliqué lors de sa présentation qu’Afrobarometer produit plusieurs rapports : «Il y a le rapport qui sort tous les deux ans sur chaque pays, soit une série de 39 rapports. À partir 39 rapports, Afrobarometer élabore une synthèse de certains thèmes. Le rapport de cette année a pour thème l’engagement citoyen.» Il précise également que Straconsult collabore avec Afrobarometer sur des enquêtes à Maurice depuis 2012. En seconde partie, la présentation s’est poursuivie en direct par vidéoconférence, avec l’équipe d’Afrobarometer.

🟦 Réseau de recherche panafricain

Pour mieux comprendre la portée de ces travaux, rappelons qu’Afrobarometer est un réseau panafricain de recherche par sondages, non partisan, qui fournit des données fiables sur les expériences et les perceptions des Africains en matière de démocratie, de gouvernance et de qualité de vie. Joseph Asunka, CEO d’Afrobarometer, souligne que les sujets abordés sont d’une importance stratégique, à la fois pour les politiques publiques à l’échelle continentale et pour les enjeux internationaux. L’objectif : «Donner une voix au peuple», conclut Joseph Asunka. «D’ici fin juillet 2025, Afrobarometer aura mené près de 300 enquêtes, auprès de 440 000 répondants dans 45 pays africains», précise Rorisang Lekalake, Senior Analyst/Methodologist chez Afrobarometer, avant d’ajouter que la démocratie et la gouvernance sont les pierres angulaires de cette démarche d’Afrobarometer.

🟦 Méthodologie

Les enquêtes d’Afrobarometer sont encadrées par une méthodologie rigoureuse, garantissant la validité scientifique des données recueillies : elle repose sur un échantillon national de personnes âgées de 18 ans et plus, interrogées en face à face et dans leur langue. De plus, Afrobarometer utilise un questionnaire standardisé, ce qui permet des comparaisons d’un pays à l’autre, ainsi que des analyses longitudinales. La taille de l’échantillon varie de 1 200 à 2 400 répondants selon les pays.

«Pour Maurice, 1 200 personnes ont été interrogées à l’échelle nationale», précise Amédée Darga. Il nous détaille le protocole rigoureux mis en place : «Les données de recensement servent de base à l’échantillonnage. Les Enumeration Areas sont achetées auprès de Statistics Mauritius, et les interviews sont réalisées à l’aide de tablettes équipées de GPS. Chaque équipe de terrain est composée de quatre enquêteurs qui visitent des groupes de foyers de manière aléatoire, et d’un superviseur. Un algorithme intégré à la tablette détermine les personnes à interroger et structure le déroulement des questions.» Cette méthodologie a pour fonction de garantir la fiabilité et la représentativité des résultats.

🟦 10 indicateurs d’engagement citoyen

Afrobarometer a évalué l’engagement citoyen à travers quatre grands axes : la participation électorale, l’action collective, le contact avec les dirigeants et l’activisme. Les tendances générales sont révélatrices : «94 % des citoyens participent à au moins une des dix formes d’engagement étudiées.»

🟦 Résultats

Les résultats révèlent des dynamiques parfois inattendues. En ce qui concerne le lien entre le niveau d’éducation et la participation citoyenne, on observe que les personnes moins instruites sont, dans certains cas, plus engagées que celles ayant un niveau d’instruction plus élevé. Sur le plan socio-économique, les citoyens les plus pauvres sont plus actifs en matière de protestation ou de mobilisation sociale que ceux qui sont plus aisés. Les écarts de genre sont marquants : les hommes s’impliquent davantage que les femmes, aussi bien lors des élections que dans les manifestations. L’analyse par tranche d’âge indique que les jeunes de 18 à 35 ans votent moins que les 36 ans et plus. Les 18 à 35 ans se sentent également moins proche des partis politiques que la catégorie des +36 ans. Autre constat frappant : dans plusieurs pays africains, les habitants des zones rurales votent davantage que ceux des zones urbaines, et assistent plus fréquemment à des réunions politiques.

🟦 Le cas de Maurice

Le rapport met en lumière plusieurs spécificités locales. En 2019, Maurice se classe 6e sur 39 pays africains en matière de participation électorale. Mais paradoxalement, le pays arrive dernier en ce qui concerne le sentiment d’appartenance à un parti politique. La tendance se confirme au fil des années : en 2012, 67 % des Mauriciens déclaraient ne se sentir proches d’aucun parti. En 2024, ils sont 81 % à partager ce sentiment de détachement. Si le vote demeure une forme dominante d’expression citoyenne à Maurice, les autres formes d’engagement restent marginales : «76% des Mauriciens disent qu’ils ne vont jamais participer à une manifestation», explique Amédée Darga, toujours selon le rapport. Les Mauriciens sont numéro un en Afrique en matière d’usage des réseaux sociaux (99 %), mais seuls 6 % publient des contenus liés à la politique ou à la vie communautaire.

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